Eoliennes devant Sainte-Victoire (photo transmise par D. Bonfort) |
Le moral des opposants au projet est remonté à la suite d’une
décision de justice ordonnant le démontage d’éoliennes en Languedoc (voir ce début d'article)
Cependant, concernant le Haut-Var, l’actualité immédiate
est plus préoccupante :
- L’exploitant (Provencialis) a déposé un recours contre la décision du Tribunal Administratif de de Toulon qui annulait (il y a un an) l'autorisation d'exploiter. Ce recours sera examiné lors d’une audience publique le vendredi 19 mars 2021 (nouvelle date) à 11:00 de la Cour administrative d'appel (CAA) de Marseille (le jugement étant attendu un mois plus tard, avec une issue incertaine). Les associations qui contestent la légitimité du projet (lequel n’a pas produit les études d’impact requises), dont l’ASV, seront représentées par Me Monamy, au nom de Sites et Monuments, qui coordonne l’action judiciaire.
- Plusieurs autres projets importants ont été déposés ou sont en préparation sur ce territoire du Haut-Var (ouest) quelque peu abandonné aux promoteurs énergétiques, en particulier d’énormes champs photovoltaïques. Peu à peu, un paysage similaire à la Costa del Sol espagnole (avec ses hectares de serres) se met en place, y compris dans des zones Natura 2000 ou des secteurs à protéger au titre de la trame verte et bleue (biodiversité). Le plus souvent, ces installations conduisent à geler le sol sur des dizaines d’hectares pour éviter insectes et plantes. Une barrière artificielle se construit ainsi peu à peu entre A8 et le Val de Durance à l’est de Sainte-Victoire, au mépris du schéma régional de cohérence écologique et des SCOTs.
- La justification des propriétaires et communes est connue : en dehors des coupes de bois, de la vigne et de la chasse (ou encore des permis de construire…), ces forêts et taillis du Haut-Var n’ont guère de rentabilité et constituent une lourde charge. C’est pourquoi nous estimons qu’à l’instar de ce qui se passe pour le littoral (avec le Conservatoire), l’Etat et les collectivités territoriales devraient s’engager sur la maîtrise foncière de ces espaces, au lieu d’encourager béatement des énergies nouvelles qui ne sont pas aussi vertes qu’espéré…
- Beaucoup de domaines changent de main et sont acquis par des groupes internationaux qui ne cachent pas leur intention de faire de l’argent avec cette ressource assez rare en Europe que sont des espaces délaissés… Pour ne prendre que l’exemple des éoliennes d’Ollières et Artigues, nous avons appris que la Société Provencialis a été dissoute et que ses droits ont été repris fin 2020 par Eco Delta. Puis qu’un fonds irlandais reprenait à son tour le parc éolien (voir cette info ici). Il en est de même pour plusieurs domaines viticoles qui passeraient au photovoltaïque.
Les éoliennes et un champ solaire (photo transmise par D. Bonfort) |
Pour être tout à fait objectif, la position des
associations est assez inégale concernant les éoliennes. Les associations environnementales
y sont traditionnellement favorables, l’éolien étant considéré comme une énergie
verte, vertueuse et alternative au nucléaire. Mais le vent (c’est le cas de le
dire) est en train de tourner, avec la prise de conscience des atteintes au
paysage, du surcoût économique énorme de cette solution, et de l’inadaptation
aux besoins de masse (intermittence, faible productivité etc.). Certaines
grandes associations nationales restent favorables à l’éolien (France Nature
Environnement) ou ne l’attaquent pas frontalement (LPO), malgré d’importantes
dissidences locales. La pétition contre le projet du Haut-Var est soutenue par
14 associations, mais en revanche plusieurs associations membres de l’ASV n’ont
pas souhaité se prononcer, comme les Amis de Ste-Victoire ou l’AEP. Il y a débat
au sein même du CA de l’ASV, certains considérant que la transition énergétique
vaut bien de sacrifier un peu d’argent public et de beauté paysagère… (en gros,
produire un KWh éolien revient 5 fois plus cher que son équivalent nucléaire ;
l’Allemagne a sérieusement dégradé son bilan CO2 depuis l’abandon du nucléaire,
à cause de la remise en service de centrales à énergie fossile en l’absence de
vent). A chacun de se positionner dans ce débat fortement symbolique...
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
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