mercredi 7 avril 2021

Eoliennes d’Ollières et Artigues : victoire des associations en appel

L’arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Marseille rendu le 31 mars 2021 tranche en faveur des associations, en particulier en confirmant la non-validité des autorisations données à l’opérateur des éoliennes, du fait du manque d’études d’impact environnemental. On trouvera sur ce lien le jugement de la CAA.

Sainte-Victoire cernée d'éoliennes (photo X?)
L’opérateur Provencialis ira certainement en cassation (Conseil d’Etat), mais il est possible que les associations aient gain de cause dans cette enceinte. Ce combat sur la « mère des éoliennes » est important, pas tant pour ce dossier que pour la dizaine d’autres projets accrochés de part et d’autre de la ligne très haute tension entre Ginasservis (Cadarache) et St-Maximin (éoliennes et champs photovoltaïques). Tous ces projets produiront très peu d’énergie en définitive, mais créeront une coupure irrémédiable à l’est de Ste-Victoire, dans des espaces largement vierges, en totale contradiction avec le schéma régional de cohérence écologique, à prendre en compte dans les SCOT. Chaque champ solaire gèle 5 à 30 ha, totalement déboisés, et ensuite traités chimiquement pour éviter plantes et insectes… c’est une sérieuse atteinte à la biodiversité, ainsi qu’au paysage, qui ressemblera dans quelques années à la Costa del Sol avec ses serres à perte de vue.

Il serait souhaitable de créer une sorte de « Conservatoire des espaces de l’arrière-pays » (cf. Conservatoire du Littoral), car des groupes internationaux achètent en force le foncier (très peu cher en France, avec nos densités faibles, et des espaces naturels déserts qui ne produisent guère) pour profiter des conditions tarifaires favorables aux énergies dites « vertes ». Les éoliennes d’Artigues et Ollières ont déjà été revendues deux fois, à Eco Delta, puis à un fonds irlandais.

Dans ce contexte, les 14 associations qui se sont associées aux recours déposés par Sites et Monuments vont tenter de muscler leur action. Un plan de bataille pour une action de sensibilisation et de mobilisation des populations concernées a été mis au point. Outre la cagnotte existante sur Leetchi, qui a permis de recueillir près de 3 000 € de la part de plus de 100 donateurs, un premier financement majeur de 50 000 € a été trouvé par l’ASV auprès d’un mécène américain (et habitué des luttes écologiques), Michael Bond. Pour des raisons pratiques et pour bénéficier de l’antériorité des actions lancées par Sites et Monuments, ces fonds seront administrés par cette dernière association, en lien avec ses partenaires locaux.

La pétition de 2020, toujours d’actualité, et signée par plus de 21 500 personnes, mérité d’être relancée après ce succès. Elle reste donc à signer et faire signer par ceux qui sont convaincus sur ce lien.

Le combat de l’ASV et de ses partenaires contre les moulins à vent a changé d’âme. Le vent est en train de tourner... Les populations commencent à réagir contre le fait que les éoliennes et centrales solaires industrielles se répandent rapidement dans l’arrière-pays provençal ou cévenol. Ces projets trop nombreux sont vraiment dommageables pour le paysage et pour la biodiversité. En outre, ils constituent une aberration financière, puisque le courant produit est racheté près de 3 fois le prix au marché spot (c’est le consommateur qui paie la différence). Du fait de l’intermittence, de l’extensivité de ces énergies dites « vertes » (qui sont diffuses par nature), et de leur faible rendement, l’efficacité est très limitée. Il faudrait 650 éoliennes de 2 MW et 135 m de haut, comme celles installées à l’est de Sainte-Victoire, pour remplacer une seule tranche nucléaire de 1 300 MW. Le coût du programme éolien français jusqu’en 2030 est du même ordre que le coût du programme électronucléaire passé, soit 80 à 90 milliards d’euros, mais pour produire 5 fois moins d’électricité ! C’est cher payer la transition énergétique, sans compter l’effet désastreux sur le CO2, avec un recours inévitable aux énergies fossiles quand le vent ne donne pas, comme en Allemagne… De plus en plus d’articles dans les médias locaux ou nationaux font état de cette prise de conscience de l’opinion.

(Bénédict de Saint-Laurent, administrateur, ASV)

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