Un article récent de l'Express
ranime le débat sur la fiscalité communale dans les Bouches-du-Rhône, sujet
sensible dans le département puisque la future métropole devrait aboutir, à
partir de 2016, à une péréquation des recettes et prélèvements fiscaux entre
communes pauvres (en premier lieu, Marseille) et communes riches (Aix, et en
particulier sa banlieue est). Malgré le lissage prévu sur 12 ans et les
promesses de l'Etat de contribuer au renouveau de Marseille, les élus et
habitants du nord du département sont plutôt réservés sur la réforme bientôt
mise en œuvre.
Or, le pourtour de
Sainte-Victoire comporte 4 des 10 communes les plus aidées des Bouches-du-Rhône
en termes de subventions du Conseil Général (St-Antonin, St-Marc Jaumegarde, Beaurecueil
et Puyloubier, cf. tableau) –et ce ne sont pas les plus pauvres du département
pour les revenus mensuels par habitant (chiffres de l'INSEE pour la population
et les revenus, de la DGCL pour la richesse communale et les subventions).
L'ASV avait déjà souligné ce paradoxe au moment des municipales. Mais
l'argument du "riche aidé" mérite d'être sérieusement nuancé : il
s'agit souvent de communes peu peuplées et à faible densité, dans lesquelles le
poids des équipements et réseaux est proportionnellement plus important; le
Conseil Général y investit beaucoup (cf. ses domaines de Roques-Hautes,
Coquille, la Torse, plus la Maison Sainte-Victoire) pour en faire un
"poumon vert" du département; enfin, ces communes ont une vocation
d'accueil, elles reçoivent chaque année la moitié de la population des
Bouches-du-Rhône (plus d'un million de visiteurs); et si par exemple, des
travaux d'enfouissement des câbles sont réalisés, c'est pour que le massif soit
plus beau pour tous ceux qui le pratiquent, et pas seulement les habitants.
L'Express attribue au
clientélisme et à la séduction des grands électeurs pour les sénatoriales ces
inégalités, en écrivant qu'en matière de subventions, "l'heureux habitant
de Saint-Antonin vaut lui seul 240
Aixois et 204 Marseillais". La réalité est beaucoup plus complexe, les
chiffres DGCL ne prenant pas en compte les participations du Conseil Général à
des opérations d'envergure (et considérées comme non-municipales) comme
Euroméditerranée, le MUCEM ou la rocade L2 autour de Marseille. Prudence donc
sur ces annonces tonitruantes à l'approche des départementales du 22 mars 2015…
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
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