Changement climatique, évolution de la faune. Cet article
n'est pas scientifique, mais basé sur les observations d'habitants –et il
semble clair qu'un nouvel équilibre (ou déséquilibre) se produit dans les
années en cours concernant la faune sauvage du massif et la végétation.
L'arrivée du loup (au nord comme au sud) ne semble pas encore entamer
significativement la population de sangliers et de chevreuils. Par contre, les
chasseurs disent que les mouflons, visibles ces dernières années sur la paroi
sud, disparaîtraient largement (ceci est contredit par l'absence de carcasses
visibles, jusqu'à preuve du contraire, mais les signalements de mouflons par
les grimpeurs et randonneurs sont effectivement moins fréquents).
Certains disent que les chevreuils sont la proie des meutes
–mais n'allez pas dire ça à Yannick Burles, le régisseur du domaine des
Masques, sur le plateau du Cengle. Non seulement les chevreuils sont nombreux
et endommagent le vignoble (perte de 50% de la récolte en 2017), mais encore
les nouvelles mesures préventives, avec de très hautes barrières électriques
installées sur le domaine (9 fils, hauteur supérieure à 2 m, mais décharges
électriques par panneaux photovoltaïques sans doute un peu faibles) n'ont pas
empêché ce printemps 4 incursions diurnes de chevreuils franchissant la
barrière : quand il ne pleut pas suffisamment, les chevreuils sont
irrésistiblement attirés par les jeunes pousses de vigne. Il est possible que
le Cengle soit un refuge pour ces animaux, qui seraient pourchassés par le loup
dans l'est du massif. L'arrêt du braconnage, autrefois important, favorise
également la croissance de la population de chevreuils.
Malgré les prélèvements liés à la chasse, les sangliers
demeurent très nombreux et font d'importants dégâts dans les propriétés. Sur le
Cengle, zone pourtant très protégée, la population restante de faune à poil
semble très limité : quasiment pas de lièvres ou lapins, quelques chèvres
sauvages, peu d'écureuils. L'omniprésence du sanglier, le desséchement de la
forêt, l'interruption chaque année de l'écoulement du Bayon entre juin et
octobre (phénomène autrefois peu fréquent), la hausse de la fréquentation
(promeneurs, VTT, chiens) sont parmi les explications possibles de cet
appauvrissement apparent de la faune. L'avenir semble sombre, en particulier au
sud du massif (le nord est plus humide), avec un dépérissement de la forêt
(chênaies en particulier), une baisse des précipitations, une hausse des
températures… Même si les marges de manœuvre des acteurs locaux (Grand Site,
communes, Département, ONF, chasseurs etc.) semblent faibles, il est important
de réagir pour tenter de préserver et transmettre un exceptionnel patrimoine
vivant.
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