Un
visiteur assidu de ce blog exprime en ces termes son désaccord avec le jugement
formulé dans cet article sur un "tag" intempestif (en fait une œuvre d'art, dont acte) :
Je
suis, comme vous, un amant confondu de Sainte-Victoire, que je parcours
régulièrement depuis de nombreuses années. Je lis donc avec intérêt et assez
régulièrement ce que vous publiez sur le site de votre association et j'y
apprends bien des choses.
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Le tag objet du débat (et déjà un peu dégradé) |
C'est
pourquoi je tiens à manifester mon désaccord profond avec ce que vous avez
écrit sur le "tag idiot" sur l'oppidum de Saint-Antonin. D'abord ce
n'est ni un tag, ni un gribouillis, c'est un vrai dessin, pour ne pas dire une
œuvre d'art, que je serais bien incapable de tracer.
Croyez
que je déteste tout ce qui est tag ou graffiti, qui sont de véritables
dégradations stupides des surfaces. Par contre, là, c'est autre chose et vous
faites un raccourci déplorable.
En
effet, Sainte-Victoire n'appartient à personne et même pas aux gens qui comme
vous se dévouent pour l'entretenir. Sainte-Victoire est une création naturelle
où les hommes ont imprimés leur pâte depuis des siècles et des siècles, rien ne
vous autorise à en figer le paysage selon vos valeurs.
Parcourant
Sainte-Victoire, j'ai depuis des années trouvé ici ou là, souvent dans des
endroits cachés, de magnifiques gravures, qui pour n'être en rien
préhistoriques, n'en étaient pas moins fort belles. Si des artistes, je dirais
même des inspirés, viennent porter leur art et leur touche dans ces lieux
superbes, rien ne vous autorise à vous y opposer, à les condamner ou à les
faire disparaître. Pensez aussi à la joie du randonneur découvrant soudain,
dans un taillis et au détour d'un rocher, une splendide gravure, souvent très
symbolique. Cela n'a alors plus rien à voir avec ce que vous appelez avec
mépris un "tag".
Voyez
la Vallée des Merveilles, qui ne serait pas, sans les innombrables gravures que
nos ancêtres y ont fait! L'histoire des apports de l'homme et de la nature ne
s'arrête jamais et surtout pas aux limites de règles étriquées vous semblez
défendre.
Il
serait bien plus intelligent d'éliminer tags et graffitis et de laisser au
plaisir du promeneur les fruits colorés de l'inventivité de certains. C'est
participer sans pruderie ou esprit étroit à l'histoire du fabuleux massif.
J'espère
en votre réflexion et, dans cette attente, vous fais part de mes salutations
très cordiales.
Gildas
de Caisar
A
l'ASV, nous ne souhaitons pas polémiquer, et ne le faisons pas habituellement,
encore que le débat sur ce qui est art et ce qui ne l'est pas soit très
intéressant (mais difficile à conclure !). Cependant, devant la multiplication
des expressions artistiques sauvages qui fleurissent sur le massif, il semble
qu'il faille bien réaffirmer une position "raisonnable" consistant à
préserver au maximum la montagne telle que nous l'avons reçue.
A cela
plusieurs justifications : 1. le respect pour ceux qui préfèrent
"rien" plutôt que "quelque chose" dans ce lieu de nature
(cela vaut aussi pour le silence, par opposition au bruit, la lumière
artificielle, et tout ce qui peut polluer l'intégrité de ce massif etc.); 2. le
côté évidemment arbitraire de l'appréciation "artistique" –si moi par
exemple, j'ai envie de considérer que les kleenex et cannettes sont des
installations de valeur, pourquoi m'interdirait-on de les disposer le long des
sentiers? D'autres installent bien des schtroumpfs, plantent des figuiers de
barbarie ou dessinent des inscriptions cabalistiques sur les rochers du
massif; 3. et s'il faut accepter certaines insertions modernes (oui, elles ont
existé de tout temps et il y a bien, par exemple un balisage et des panneaux de
signalisation), la qualité intrinsèque de ce qui est produit joue sur son
acceptation, avec comme critères (entre autres) la discrétion, l'intégration au
site, et l'utilisation de matériaux locaux (cas des cairns, par exemple, qui ne
dérangent personne).
Mais la réflexion continue… la montagne ne ne nous appartient pas et nous ne sommes pas chargés de sa police. Simplement, nous exprimons le point de vue de beaucoup !