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mercredi 1 juillet 2020

Nord-ouest du Var : des projets énergétiques dommageables pour la biodiversité dans la proximité de Sainte-Victoire


Dans une zone immédiatement contigüe à Ste-Victoire, peu habitée, donc convoitée par les investisseurs en énergies nouvelles qui ont besoin de larges espaces vierges, se développe toute une chaîne de projets consacrés au solaire ou à l'éolien. Cette "monoculture" énergétique n'est pas sans rappeler la monoculture de la vigne qui s'étend ailleurs sur le département du Var… D'un certain point de vue, on peut comprendre la position des élus et des habitants, qui se considèrent abandonnés, sont à la recherche de ressources, et accueillent ainsi volontiers la manne et les espoirs d'emplois apportés par les nouveaux bienfaiteurs. 

Mais ces projets ne sont pas sans danger financier ni sans impact environnemental.
Il faut en effet savoir que la plupart des champs photovoltaïques artificialisent des espaces considérables, souvent traités chimiquement pour éviter que la moindre bestiole ou plante ne vienne diminuer le rendement de l'installation. Bien peu utilisent des méthodes naturelles, moutons par exemple. Pire que cela, les investisseurs se contentent de louer les espaces, souvent aux communes, leur faisant miroiter des royalties, mais laissant ces dernières responsables de la remise en état du site après les 15 ou 20 années d'exploitation (or cela peut être très coûteux de restaurer un site éolien, avec les 1 500 tonnes de béton sous chaque aérogénérateur, le démontage de la machine etc.).

Les éoliennes d'Artigues et l'église de Rians
Le projet d'éoliennes d'Artigues et Ollières, plusieurs fois évoqué, est le plus visible et le plus contesté. A ce jour, la pétition à laquelle s'est associée l'ASV a rassemblé environ 18 000 signatures. Grâce au partenaire qu'est Sites et Monuments, plusieurs actions en justice ont été menées, ce qui n'empêche pas le promoteur Provencialis de poursuivre l'installation à marche forcée, en envisageant une mise en service en septembre 2020. Sur le terrain, les deux-tiers des éoliennes ont été montées, malgré la non-conformité de l'autorisation (de nouvelles obligations, non remplies, pèsent sur ce type d'installations) et la mort d'un ouvrier sur le chantier. Une décision du Préfet du Var enjoint le promoteur de déposer une nouvelle étude d'impact environnemental, ce qui ne manquera pas de conduire à une nouvelle enquête publique et donc à un renforcement de la contestation. Sans doute par peur des conséquences lointaines (financières, entre autres), le maire d'Ollières aurait produit un arrêté interruptif de travaux pris sur le fondement de ses pouvoirs de police générale (cf. projet sur ce lien). Il est possible que, comme pour le lamentable projet de centrale biomasse de Gardanne, l'on s'oriente vers une situation perdant-perdant, dans laquelle le projet rencontrera de grandes difficultés de mise en œuvre, avec un énorme gaspillage de ressources et une contestation grandissante (en particulier sur la justification de la rente indue versée à l'opérateur).

Mais d'autres projets existent, comme celui du champ solaire de St-Martin de Pallières, en apparence plus vertueux, puisque au bénéfice direct de la commune, qui en serait l'opérateur (mesure-t-elle bien tous les risques?). Un immense terrain (8 ha?) a été mis à nu au sud-ouest de St-Martin. Un permis de construire va être déposé selon cet article de Var-Matin.

Eoliennes et haute tension sur Artigues
S'appuyant sur les ressources de ces territoires du nord-ouest du Var (espace, soleil, vent), la multiplication des projets d'énergies nouvelles va à l’encontre du schéma régional de cohérence écologique PACA. Ce dernier prévoit une trame verte continue depuis les Alpes et l’Italie vers le Mercantour, le Parc du Verdon, Canjuers, Cadarache et le Grand Site Concors-Ste-Victoire). C'est effectivement le parcours que semble suivre la faune, loup ou chamois par exemple (qui ont fait leur apparition dans Sainte-Victoire depuis quelques années). L'occupation de très vastes champs solaires ou éoliens entre l'autoroute A8 et le Val de Durance crée une coupure très dommageable pour la biodiversité et le Préfet du Var comme la DREAL devraient s'en préoccuper. Il est vrai que ces territoires avaient déjà une finalité énergétique dans le passé, puisque cette chênaie rabougrie était systématiquement recépée (coupée à blanc) pour la production de charbon de bois ou de bois de chauffage pour Aix, Marseille, Toulon. Cette région dominée, sans revenus, victime de la déprise agricole, à l’écart des grands axes, mais magnifique, a peu de défenseurs et est déjà très abîmée par ces nouvelles infrastructures, au détriment du tourisme vert, du pastoralisme ou de l'agriculture biologique que promeuvent certaines autorités.

(B. de Saint-Laurent, administrateur, ASV)