Dans une
zone immédiatement contigüe à Ste-Victoire, peu habitée, donc convoitée par les
investisseurs en énergies nouvelles qui ont besoin de larges espaces vierges,
se développe toute une chaîne de projets consacrés au solaire ou à l'éolien. Cette
"monoculture" énergétique n'est pas sans rappeler la monoculture de
la vigne qui s'étend ailleurs sur le département du Var… D'un certain point de vue, on
peut comprendre la position des élus et des habitants, qui se considèrent
abandonnés, sont à la recherche de ressources, et accueillent ainsi volontiers
la manne et les espoirs d'emplois apportés par les nouveaux bienfaiteurs.
Mais
ces projets ne sont pas sans danger financier ni sans impact environnemental.
Il faut en
effet savoir que la plupart des champs photovoltaïques artificialisent des
espaces considérables, souvent traités chimiquement pour éviter que la moindre bestiole
ou plante ne vienne diminuer le rendement de l'installation. Bien peu utilisent
des méthodes naturelles, moutons par exemple. Pire que cela, les investisseurs
se contentent de louer les espaces, souvent aux communes, leur faisant miroiter
des royalties, mais laissant ces dernières responsables de la remise en état du
site après les 15 ou 20 années d'exploitation (or cela peut être très coûteux
de restaurer un site éolien, avec les 1 500 tonnes de béton sous chaque aérogénérateur,
le démontage de la machine etc.).
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Les éoliennes d'Artigues et l'église de Rians |
Le
projet d'éoliennes d'Artigues et Ollières, plusieurs fois évoqué, est le plus
visible et le plus contesté. A ce jour, la pétition à laquelle s'est associée l'ASV a rassemblé environ 18 000 signatures. Grâce au partenaire qu'est Sites
et Monuments, plusieurs actions en justice ont été menées, ce qui n'empêche pas
le promoteur Provencialis de poursuivre l'installation à marche forcée, en
envisageant une mise en service en septembre 2020. Sur le terrain, les
deux-tiers des éoliennes ont été montées, malgré la non-conformité de
l'autorisation (de nouvelles obligations, non remplies, pèsent sur ce type
d'installations) et la mort d'un ouvrier sur le chantier. Une décision du
Préfet du Var enjoint le promoteur de déposer une nouvelle étude d'impact
environnemental, ce qui ne manquera pas de conduire à une nouvelle enquête
publique et donc à un renforcement de la contestation. Sans doute par peur des
conséquences lointaines (financières, entre autres), le maire d'Ollières aurait
produit un arrêté interruptif de travaux pris sur le fondement de ses pouvoirs
de police générale (cf. projet sur ce lien). Il est possible que, comme pour le
lamentable projet de centrale biomasse de Gardanne, l'on s'oriente vers une
situation perdant-perdant, dans laquelle le projet rencontrera de grandes
difficultés de mise en œuvre, avec un énorme gaspillage de ressources et une
contestation grandissante (en particulier sur la justification de la rente
indue versée à l'opérateur).
Mais
d'autres projets existent, comme celui du champ solaire de St-Martin de
Pallières, en apparence plus vertueux, puisque au bénéfice direct de la commune,
qui en serait l'opérateur (mesure-t-elle bien tous les risques?). Un immense terrain
(8 ha?) a été mis à nu au sud-ouest de St-Martin. Un permis de construire va
être déposé selon cet article de Var-Matin.
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Eoliennes et haute tension sur Artigues |
S'appuyant
sur les ressources de ces territoires du nord-ouest du Var (espace, soleil, vent),
la multiplication des projets d'énergies nouvelles va à l’encontre du schéma régional
de cohérence écologique PACA. Ce dernier prévoit une trame verte continue
depuis les Alpes et l’Italie vers le Mercantour, le Parc du Verdon, Canjuers,
Cadarache et le Grand Site Concors-Ste-Victoire). C'est effectivement le
parcours que semble suivre la faune, loup ou chamois par exemple (qui ont fait
leur apparition dans Sainte-Victoire depuis quelques années). L'occupation de
très vastes champs solaires ou éoliens entre l'autoroute A8 et le Val de
Durance crée une coupure très dommageable pour la biodiversité et le Préfet du
Var comme la DREAL devraient s'en préoccuper. Il est vrai que ces territoires
avaient déjà une finalité énergétique dans le passé, puisque cette chênaie
rabougrie était systématiquement recépée (coupée à blanc) pour la production de
charbon de bois ou de bois de chauffage pour Aix, Marseille, Toulon. Cette
région dominée, sans revenus, victime de la déprise agricole, à l’écart des
grands axes, mais magnifique, a peu de défenseurs et est déjà très abîmée par
ces nouvelles infrastructures, au détriment du tourisme vert, du pastoralisme
ou de l'agriculture biologique que promeuvent certaines autorités.
(B. de
Saint-Laurent, administrateur, ASV)
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