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lundi 30 novembre 2020

Coupure de la route Beaurecueil-Saint-Antonin

Des travaux sont en cours entre le carrefour de Beaurecueil et la mairie de Saint-Antonin pour enterrer les fourreaux devant permettre le passage de la fibre optique. Voici l'information donnée (dimanche 29 novembre en début d'après-midi, soit un peu tard car beaucoup de véhicules étaient engagés sur cette section de route) par le maire de St-Antonin :

"L’arrêté interdisant la circulation sur la route départementale D17 sur la section comprise entre Coquille et le croisement de Beaurecueil est applicable jusqu’au 23/12/2020 [avant-veille de Noël]. L’accès aux riverains est possible à condition qu’il ne compromette pas la sécurité des usagers et la bonne exécution du chantier.

Au cours des travaux de pose des chambres, la circulation a été possible, mais il n’y pas eu que les riverains qui ont emprunté la route. Il en est résulté quelques frictions entre usagers impatients et personnel du chantier. La Gendarmerie a dressé une vingtaine de procès-verbaux pour non-respect de l’arrêté.

Les jours derniers, la route a été barrée temporairement pour la phase de déroulement des fourreaux dans la côte de Saint-Antonin, puis en aval du croisement du Bouquet, l’encombrement des matériels ne permettant pas le croisement.

Pour ce week-end et les jours prochains, il a été décidé, en concertation avec les services du Département et la Gendarmerie, de ne pas ouvrir les parkings du Bouquet et de l’En-Chois pour éviter l’afflux de véhicules sur un tronçon de route accidentogène. Par contre, les parkings sont réouverts à Roques-Hautes, à la Maison de Sainte-Victoire, aux 2 Aiguilles et au Chinois [et à Saint-Ser]. La circulation pour tous les usagers est tolérée entre Coquille et Saint-Antonin et entre le croisement de Beaurecueil et l’entrée de Roques-Hautes. La Gendarmerie fait la police dans la mesure de ses moyens….

La réalisation de la tranchée sur le bord de la route commencera lundi 30 novembre dans la journée à partir de Saint-Antonin. Durant cette opération, la voie sera fermée tronçon par tronçon. Il faut compter 3 jours de travail pour réaliser la tranchée de Saint-Antonin au Bouquet. La circulation sera normalement impossible sur ce tronçon du lundi 30 novembre au mercredi 2 décembre 2020 si tout se passe au mieux. Le passage ne sera pas possible hors des horaires du chantier pour les 2 premiers jours au moins, la trancheuse restant sur la voie durant la nuit.

Puis une bonne semaine sera nécessaire pour réaliser la tranchée du croisement du Bouquet au croisement de Beaurecueil. Sur ce tronçon, il se pourrait que la circulation reste « entrouverte » dans les secteurs où la largeur de la chaussée le permet."

Pour aller randonner (dans la limite des 3 heures…) sur le versant sud de Sainte-Victoire dans le secteur de la Croix de Provence, il faut passer par Rousset et la ferme de Coquille, ou aller jusqu’à Puyloubier, et revenir vers Saint-Antonin.

Dans la côte de St-Antonin, l'implantation des chambres (boîtiers de connexion de la fibre) est hélas située à droite en descente, parfois à proximité des virages. Ces virages, qui restent longtemps à l'ombre en hiver, sont déjà glissants avec l'humidité et le verglas. Les plaques métalliques vont augmenter le danger pour les 2 roues, très présents (vélos et motos). Malgré leur rugosité, elles sont souvent des pièges - à cause de la condensation qui se forme sur cette paroi froide. La municipalité a indiqué qu'il n'était pas possible de modifier cette implantation, en arguant d'un problème de rayon de courbure minimal à respecter (en réalité le même, que la fibre soit posée à droite ou à gauche, car les virages en épingle sont symétriques).

Concernant la précieuse ligne de bus 110 (Aix-Le Tholonet-Beaurecueil-St-Antonin-Puyloubier), l'exploitant a publié un communiqué précisant la déviation de l'itinéraire par la RD7 : "Suite aux travaux sur la route Cézanne (départementale 17), les arrêts « le Bouquet » et « Maison sainte Victoire » ne pourront pas être desservis par la ligne 110 "Puyloubier - Aix" jusqu’au 23/12/2020. Merci de vous reporter à l'arrêt du "Lavoir" à Puyloubier ou "Gautier" à Beaurecueil." Saint-Antonin n'est donc plus desservi pendant près de deux mois...

(B. de Saint-Laurent, habitant de St-Antonin; photo de Cédric Grein)

dimanche 8 novembre 2020

Nouvelles observations sur les mouflons de Sainte-Victoire

Mouflons à manchettes en versant sud (JP. Bouquier)
Ces animaux sont souvent détectés par les grimpeurs ou les parapentistes. Une observation faite par Jean-Paul Bouquier juste avant le confinement de novembre 2020 montre que le troupeau du versant sud est plutôt en croissance, malgré les prévisions pessimistes de Bernard Comte qui, lors de la conférence ASV sur le loup, voyait dans la présence des loups une forte menace. On distingue sur la photo 22 individus, dont deux mâles et deux jeunes de l'année. Selon J.P. Bouquier, cette croissance du troupeau n’est pas très réjouissante pour les sols et la végétation au pied des parois. Le troupeau, qui vit très groupé (peut-être justement pour se défendre), laisse des traces d’érosion bien marquées.

Plusieurs questions sont fréquemment posées sur ces mouflons : d’où viennent-ils ? Depuis quand? De quoi se nourrissent-ils et où trouvent-ils à boire sur le versant sud? Comment les apercevoir sans les déranger ? Quel est l'intérêt de ces troupeaux?

L'origine de la présence de "mouflons" en France continentale remonte à près d'un siècle, quand l'Etat, nouveau propriétaire du domaine de Cadarache, créa en 1924 un parc de repeuplement de 150 hectares pour le gibier. Selon Wikipedia, "les premiers animaux furent des cerfs Sika offerts à la France par l'empereur du Japon, puis des mouflons corses en 1935, populations toujours présentes. Les premiers individus de la population de mouflons devaient être offerts en cadeau au roi Alexandre Ier de Yougoslavie lors de sa visite en France en 1934, mais celui-ci fut assassiné après avoir débarqué à Marseille. En 1935, l'État a installé l'École nationale des garde-chasses dans le château de Cadarache, sous l’impulsion du directeur des chasses présidentielles".

Mouflons dans la montagne d'Artigues (G. Cheylan)
Les lâchers de mouflons méditerranéens (Ovis musimon), en provenance essentiellement de Corse (région de Bavella) pour Cadarache, ont été poursuivis après guerre, avec une bonne acclimatation à la Provence. Selon l'Office National de la Chasse, la motivation était essentiellement cynégétique, même si certains scientifiques mettaient en avant la volonté de protéger le mouflon de Corse à partir du continent : "les artisans du développement de cette faune ont été les forestiers et des chasseurs interpellés par la disparition des grands ongulés. Le mouflon leur est apparu comme un gibier complémentaire potentiel, pouvant occuper une niche considérée alors comme vacante". Du fait de croisements avec d'autres types de mouflons (Sardaigne, Tchécoslovaquie et même réserves ou zoos), la population de ces animaux est hybride. La motivation de certains croisements semble davantage liée à l'amélioration du trophée (forme des cornes) qu'à l'adaptation au milieu… Selon Gilles Cheylan, "l'espèce est présente en Sardaigne et en Corse, où elle a été introduite au néolithique, sa répartition d'origine étant le Moyen-Orient. C'est l'ancêtre du mouton domestique, domestiqué au même endroit il y  a 10 000 ans". On trouve de ces mouflons, plus colorés et à corne très enroulée, dans l'arrière-pays, en bordure du Grand Site.

Mais le mouflon de Sainte-Victoire (Ammotragus lervia) provient visiblement d'une autre origine. Ce mouflon à manchettes est originaire d'Afrique du nord. Il est décrit dans une étude assez récente (téléchargeable sur ce lien). La seule différence marquée par rapport à cette étude tient à la taille des troupeaux, plus proche dans le massif d'une vingtaine d'individus que d'une dizaine. Dans Sainte-Victoire, selon Gilles Cheylan, "l'espèce provient sans doute de la chasse privée du Grand Sambuc, enclos clôturé de 650 ha, d'où elle se serait échappée". Pour les scientifiques, la présence de ces animaux "exotiques" n'est pas forcément souhaitable, car elle concurrence d'autres espèces et fragilise le milieu. Certains pays envisagent même une éradication. 

Les mouflons à manchettes du massif (environ 70 selon certains comptages) se sont constitués en plusieurs troupeaux sur les deux versants, avec une mortalité faible (très peu de squelettes découverts, à notre connaissance). En piémont sud, les mouflons séjournent au-dessus du tracé marron, près des éboulis ou sur les dalles arborées difficiles à atteindre (cote 600 à 800 m pour la plupart des observations). Il est probable qu'ils franchissent parfois la crête. Ils restent prudemment groupés. Certains mâles sont impressionnants.

Mouflons à manchettes en versant sud (JP. Bouquier)
Les mouflons satisfont en majeure partie leur besoin en eau par l’absorption de végétaux frais, de feuilles humidifiées par la rosée et, dans une moindre mesure, en s’abreuvant (flaques, trous d'eau). Ils n'ont pas été observés au Bayon. Ils ont également besoin de sel (qui facilite la rétention de l'eau), probablement obtenu en léchant certaines pierres (selon Vincent Varlet, une source potentielle serait le gypse que l’on trouve par endroits en pied de versant, dans le vallon du Trou par exemple, mais les mouflons descendent-ils aussi bas?). Enfin, il est souhaitable de ne pas chercher à les approcher, ni de les déranger, mais de s'en tenir (comme les parapentistes ou les grimpeurs) à une respectueuse observation à distance…

(Article rédigé par B. de Saint-Laurent, à partir d'observations de Jean-Paul Bouquier , Michel Laurent, Marc Lassalle, Vincent Varlet, tous ASV, – et corrigé par Gilles Cheylan)