Cette question m'a été posée par
Georges Flayols, éminent parapentiste, photographe et membre de l'ASV –et j'y
réponds volontiers. Peu après le grand incendie de 1989, les projets les plus
fantaisistes fleurirent sur la montagne calcinée. Beaucoup furent heureusement
abandonnés. Mais un jeune et opiniâtre artiste chinois, Huang Yongping, en
résidence à l'Ecole des Beaux-Arts d'Aix-en-Provence, réussit à mener à bien sa
drôle d'installation, le "Sacrifice au Feu" (cf. présentation résumée). Malgré les protestations des
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3 des 8 oratoires, devant l'oppidum calciné |
habitants (non contre le geste
artistique, mais contre le côté provocateur d'une célébration de l'incendie
pour des gens qui vivaient dans la cendre et l'odeur de brûlé depuis plusieurs
mois), le maire de Saint-Antonin donna l'autorisation d'ériger 4 cages mobiles
contenant respectivement du bois brûlé, de la terre calcinée, des extincteurs
et 600 kg de journaux, 8 oratoires en ferrociment de 3,50 m de haut (censés
célébrer le cycle de la vie et de la mort du feu), ainsi qu'un talisman sous formes
de bandes de plâtre dessinées sur les pentes (et élément "non
interprétable", de l'avis même de son auteur…). Le lieu choisi en définitive (l'artiste avait d'abord pensé aux pentes de l'oppidum d'Untinos) fut la grande prairie à l'est du parking des Deux Aiguilles et la petite colline qui surmonte cette prairie (aujourd'hui très populaire pour le pique-nique familial et hélas les drones...).
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Les 4 cages mobiles |
L'installation n'eut guère de
succès. Nulle trace n'en fait part sur internet. Les cages mobiles restèrent
quelque temps, puis furent discrètement embarquées, comme les oratoires. Seules
les reliques des bandes de plâtre et ce chaux (rayures espacées d'un mètre, sur
une centaine de mètres) interpellèrent parfois les parapentistes - Sainte Victoire n'est pourtant pas une
montagne aztèque, malgré les géoglyphes à nouveau tentées lors de la
Transhumance de 2013. Quant à Huang Yongping, à en croire sa biographie sur Wikipedia, il est resté en France et reste marqué par l'absurde, la
déconstruction et le feu, comme en témoigne cette déclaration fracassante :
"L'œuvre d'art est à l'artiste ce que l'opium est à l'homme. Avant que
l'art soit détruit, la vie n'est jamais paisible. Dada est mort. Attention au
feu." Bref, mystère et boule de gomme. Perplexes, mais loyaux, les
Saint-Antonéliens baptisèrent le lieu du joli nom de "champ du
Chinois". Et cela du moins est resté…
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
Depuis le champs du Chinois, il en a fait du chemin l'artiste !! Actuellement (Mai2016) au Grand Palais avec son serpent géant ! Ouf ! On l'a échappé belle ! :)
RépondreSupprimerGeorges Flayols
Merci pour le renseignement, je me demandais bien ce qu'était ce lieu dénommé "Du chinois", celui ci est maintenant décédé....Qui sait, ce nom sera peut-être, dans très longtemps, la seule trace de cet artiste et certains se demanderont, " Mais qui pouvait bien être ce chinois?"
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