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mercredi 25 janvier 2017

La centrale biomasse de Gardanne toujours contestée



Plusieurs associations (dont la LPO) nous informent d'une manifestation contre le projet de centrale à bois de Gardanne, le 5 février 2017 à 10h30 (marche depuis la Mairie de Gardanne sur la centrale biomasse). Cette centrale est actuellement en cours de test, comme on peut le constater avec un petit panache de vapeur sur la tour de refroidissement arrêtée en 2013. Pour beaucoup, c'est un projet faussement écologique : taille trop importante (850 000 tonnes de bois par an, 150 MW) alors que la ressource bois est dispersée, taux de rendement médiocre (32%) à cause de l'absence de cogénération (pas de réutilisation de la chaleur par du chauffage urbain ou des serres agricoles), pollution importante (particules fines, dioxine, oxyde d’azote, monoxyde et dioxyde de carbone).

En outre, si dans un premier temps la centrale sera alimentée en grande partie grâce à l'importation de bois depuis le Canada ou l'Afrique du sud (ce qui n'améliore pas le bilan énergétique…), il est prévu que, dès que possible, la ressource provienne d'un rayon de 400 km autour de Gardanne -suivez mon regard…

Les cheminées de Gardanne © Georges Flayols
Autre aspect discutable, le faible taux de rendement n'aurait théoriquement pas dû permettre l’attribution de subventions publiques (admises à partir de 60 % d’efficacité énergétique), mais une dérogation a été accordée à la centrale biomasse de Gardanne pour la rendre éligible à la CSPE (Contribution du Service Public de l’Electricité). C'est donc en partie le consommateur qui financera cette centrale en payant plus cher l’électricité sur sa facture (70 millions d'euros versés par an pendant 20 ans, exonérés de taxes). Petite cerise sur le gâteau, le Canal de Provence a installé un système d'arrosage pour que les bois stockés ne brûlent pas en période de sécheresse…

Du côté des défenseurs du projet, le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) estime que le projet est plutôt une chance pour une forêt provençale peu rentable et que le prélèvement des quantités nécessitées par la centrale est faisable sans procéder à des coupes à blanc.

Après un débat animé, le CA de l'ASV a considéré que ce projet pouvait concerner Sainte-Victoire et a donc décidé de relayer l'information sur la manifestation du 5 février :

  • Certes, dans le massif, la gestion de la forêt est relativement bien contrôlée; les prélèvements effectués ne sont pas intensifs (par exemple, 25% seulement de la croissance naturelle des arbres pour l'opération de débardage en cours autour de Roques Hautes, dixit le Grand Site cf. photo ci-contre);
  • Mais la destination du bois est l'approvisionnement des chaufferies locales et la production de pâte à papier; il sera donc nécessaire d'être vigilant sur l'intensité de l'exploitation (nous ne remettons pas en cause le fait qu'il soit souvent nécessaire d'éclaircir les pins pour diminuer le risque d'incendie et favoriser la croissance d'autres espèces);
  • Autre lien, la cheminée et les tours de Gardanne se voient facilement dès que l'on s'élève dans Ste-Victoire; c'est probablement l'élément visuel le plus prégnant au sud (plus que les zones d'activité de Rousset ou Trets ou que le champ photovoltaïque de Puyloubier);
  • Enfin, la pollution ignore bien sûr les frontières et les mesures de l'agence AirPACA montrent que notre région n'est pas épargnée par certaines pollutions (ozone, pesticides, particules), y compris à distance de l'Etang de Berre, de Marseille ou d'Aix.

On peut cependant regretter que les opposants au projet ne définissent pas très clairement leur objectif : arrêter ou limiter le projet ? interdire l’approvisionnement lointain (mais cela implique plus de coupes dans le midi) ? créer un nouvelle ressource (par ex. eucalyptus à croissance rapide sur les lits morts de Durance) ? imposer des filtres à particules fines ? monter un projet de cogénération avec des utilisateurs locaux de chaleur ? mettre en place des campagnes de mesure ? faire un bilan écologique complet de tout le système impliqué par la centrale biomasse ? tenter d’associer les élus (pour le moment, favorables en général au projet) à une remise en cause des choix ?

Chacun jugera, au vu de ces éléments, de sa position. Outre la manifestation du 5 février, une pétition circule actuellement sur ce dossier. La leçon vaut également pour d'autres projets futurs. Pour Gardanne, le coup est parti, sans grande inflexion évidente possible à l'horizon. Comment être plus efficace face aux grosses machines politico-économico-administratives qui n’entendent guère le point de vue des associations ?

(B. de Saint-Laurent, avec des éléments transmis par Michèle Lautier, Marc Lassalle, Anne Renès)

2 commentaires:

  1. Forte mobilisation à la manifestation du 5 février, malgré la pluie, cf. https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/une-grande-manifestation-ce-dimanche-gardanne-contre-la-centrale-biomasse-1486240295

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  2. Je vous fais suivre une info sur la centrale biomasse de Gardanne. Il ne faut pas se réjouir trop vite,
    Patricia

    Energie | 09 juin 2017 | Florence Roussel
    Suite à l'annulation de l'autorisation d'exploiter sa centrale biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône) par le tribunal administratif, l'exploitant Uniper a annoncé avoir fait appel de la décision qu'il qualifie de "très pénalisante". Le TA de Marseille a estimé que l'étude d'impact était insuffisante compte tenu de l'ampleur du projet. "L'étude d'impact n'est pas proportionnée à l'importance et à la nature du projet", ont expliqué les juges, après avoir rappelé que la centrale biomasse consommera "au moins 25%" des ressources forestières locales disponibles.
    L'énergéticien se défend : "S'agissant de l'étude d'impact, celle-ci a été réalisée conformément aux textes applicables et comporte bien une analyse de l'état initial et des effets indirects du projet sur le site et de son environnement". L'entreprise se dit "surprise" de la décision mais reste "[convaincue] du bien-fondé de ce projet, de sa contribution à la coopération franco-allemande dans le domaine de l'énergie et [espére] qu'il sera riche d'enseignements", selon Luc Poyer, président d'Uniper France. Uniper précise d'ailleurs que le préfet de la Région Provence Alpes Côte d'Azur a délivré vendredi 9 juin une autorisation provisoire d'exploiter l'unité biomasse.

    Article publié le 09 juin 2017

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