L'institut méditerranée de biodiversité et d'écologie marine
et continentale (IMBE, Marseille) a organisé début 2017 un atelier de réflexion
sur l'avenir du site de Sainte-Victoire. Menée dans le cadre de la thèse de
Mathilde Hervé, cette recherche avait pour but d'imaginer des scénarios
contrastés sur ce que pourrait devenir le massif et son piémont (vallée de
l'Arc, Concors etc.). On trouvera ci-contre une carte de l'état initial de ce territoire et la légende utilisée.
Le Grand Site Sainte-Victoire (qui accueillait l'atelier),
des services de l'Etat (DREAL etc.), les collectivités (Agence Régionale pour
l'Environnement –ARPE-PACA, Agence d'Urbanisme du Pays d'Aix- AUPA, Syndicat
d’Aménagement du Bassin de l’Arc -SABA), la Chambre d'Agriculture, le CRPF
(propriétaires forestiers), le CEN-PACA (Conservatoire des Espaces Naturels),
et l'Association pour Sainte-Victoire (ASV) étaient conviés à cette séance de
remue-méninges (brain storming). Chacun devait indiquer très librement comment
il voyait l'évolution du territoire de Sainte-Victoire, quelles tendances
lourdes semblaient dominer (par exemple, abandon du pastoralisme, développement
de la viticulture, prédominance du tourisme…), enfin quels risques et
opportunités se présentaient pour le massif, tout ceci pouvant aider à définir
des stratégies d'aménagement appropriées à long terme.
La méthodologie était intéressante, chacun étant invité à
reporter sur des cartes à l'échelle du Grand Site sa vision des phénomènes
structurants pouvant concerner le territoire (barrières naturelles, grandes
infrastructures, cours d'eau, forêt, habitat, gros équipement de type centrale
énergétique, pôles touristiques etc.). Durant l'après-midi, trois équipes
étaient chargées de bâtir des scénarios différentiés :
- Un scénario "au fil de l'eau", montre que, si l'on ne fait rien, l'urbanisation va se poursuivre dans la plaine de l'Arc, autour des communes existantes et le long des voies de circulation; dans les espaces de déprise agricole (garrigues etc.), des projets dommageables pour le paysage (champs photovoltaïques, éoliennes, lignes électriques) vont se multiplier; la vigne va encore gagner; les besoins d'eau agricole pour la viticulture ou le maraîchage vont augmenter; l'environnement va encore se dégrader (mitage, pollution, épandages etc.);
- Un scénario "catastrophe" correspond à l'accentuation des tendances négatives déjà observables sur le territoire : urbanisation est-ouest continue dans la vallée, polarisation touristique sur le cœur du massif (fréquentation excessive, développement des hébergements de luxe et d'activités plus ou moins artificielles), multiplication des projets dommageables pour le paysage (que ce soit la surexploitation de la forêt pour alimenter les centrales à bois, les grands champs d'éoliennes ou de panneaux photovoltaïques), prépondérance de la viticulture, déséquilibres liés à une vocation essentiellement résidentielle du massif (peu d'emplois, beaucoup de circulation), dégradation sensible de l'environnement…
- Un scénario "écologique" va à contre-courant de ces tendances, en tentant de lutter contre la perte de substance des espaces désertifiés du massif (communes comme St-Antonin, Rians, hauts de Pourrières, Concors etc.). Plutôt que de vouer ces espaces à de seules fonctions auxiliaires de la ville (loisirs, exploitation forestière, projets énergétiques etc.), une forme de "reconquête" serait proposée autour de pôles villageois autonomes (c'est-à-dire dotés d'un minimum de commerces et services, offrant à la fois logements et emplois) et connectés (c'est-à-dire pouvant fonctionner à distance en relation avec la ville – par télétravail par exemple). Dans ce scénario largement utopique, l'agropastoralisme, l'accueil à la ferme, l'autonomie énergétique se développent et l'environnement tend à se restaurer.
La recherche menée par Mathilde Hervé a ensuite permis
d'établir l'occupation du sol relative à chaque scénario, puis de regarder les
conséquences de cette occupation pour certaines espèces animales et végétales
présentes sur le territoire. Bien que toute cette analyse puisse difficilement
conduire à des conclusions bien évidentes, il faut saluer cet effort de
réflexion prospective ! Un résumé de l'approche suivie est proposé sur ce lien.
La thèse complète de Mathilde Hervé, soutenue en février 2018 à Aix en Provence
est disponible auprès de l'auteur.
- Mathilde Hervé IMBE, 1-20 – Bât. Villemin, Europôle de l'Arbois - Aix en Provence Tél. 06 61 05 37 45 mathilde.herve@imbe.fr
(article rédigé par Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
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