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mardi 31 décembre 2024

Et si Sainte-Victoire était reconnue comme une montagne ?

Le 28 octobre à 17h45 un grand éboulement est parti de la falaise qui domine l’éboulis du Garagaï et il a endommagé le tronc commun des tracés vert et noir. L’événement a entraîné la fermeture des deux itinéraires, alors que le tracé jaune voisin est interdit depuis plusieurs années et que les tracés rouges et le sentier Imoucha étaient fermés pour cause de travaux. Il ne restait plus pour visiter le Prieuré et la Croix de Provence que le chemin des Venturiers sur le versant nord. En cette période de vacances scolaires cette situation a perturbé beaucoup de visiteurs.
Chaque année on observe plusieurs chutes de blocs sur le versant sud de Sainte-Victoire. Tous les secteurs sont concernés, des Costes Chaudes au Pic des Mouches. Le tracé rouge pointillé du Pas de l’Escalette a été rouvert le 3 décembre grâce à l’achèvement des travaux dans la partie supérieure du sentier Imoucha et une semaine plus tard un éboulement relativement modeste, mais qui l’a traversé, a justifié un arrêté municipal de fermeture dès le 12 décembre ! Selon la quantité de rocher qui se détache, la pente et la nature du sol plus ou moins rugueux ou végétalisé, l’éboulement peut passer inaperçu ou traverser des itinéraires fréquentés en laissant des dégradations ou des blocs posés sur la plate-forme du sentier. Heureusement tous ne sont pas signalés et les interdictions sont rares, mais elles demandent beaucoup de temps pour être levées, voire restent sans fin.
Les grimpeurs savent que dans les parties hautes de la montagne, de nombreux blocs paraissent prêts à se détacher. Mais nous n’en avons aucune maîtrise. Par exemple, l’écaille suspendue dont le signalement a entraîné la fermeture du tracé jaune, n’est toujours pas tombée. En revanche, deux écailles de l’éperon rocheux voisin se sont détachées sans que personne ne s’en aperçoive.
Alors faut-il continuer à interdire un itinéraire et ainsi indirectement déresponsabiliser les usagers du massif ? En effet fermer un sentier, c’est indiquer que celui qui est ouvert plus loin, est sûr. On réduit de fait la vigilance et la prudence au lieu de développer la conscience et la gestion du risque.
En outre, interdire un sentier a pour effet d’augmenter la fréquentation sur des itinéraires habituellement moins fréquentés et parfois plus difficiles que celui que le randonneur avait prévu de parcourir.
Les associations assurent des formations sur les fragilités, les risques du milieu montagnard et les comportements appropriés que doivent adopter les visiteurs. Sur le terrain les gardes-nature contribuent concrètement à inciter à la prudence. Grâce aux moyens modernes de diffusion de l’information, notamment les réseaux sociaux, une simple information d’alerte à l’occasion de chaque événement pourrait suffire à responsabiliser le visiteur. Entretenir ainsi une culture du risque en milieu naturel devrait permettre de ne recourir à la fermeture des itinéraires que dans les éboulements de grande ampleur et de la limiter au temps strictement nécessaire pour observer qu’il n’est pas resté de blocs en équilibre instable au point de départ et dans la trajectoire de l’éboulement.
 
Laurent Coursol

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