Le 28 octobre à 17h45 un grand éboulement est parti de la falaise qui domine
l’éboulis du Garagaï et il a endommagé le tronc commun des tracés vert et noir.
L’événement a entraîné la fermeture des deux itinéraires, alors que le tracé
jaune voisin est interdit depuis plusieurs années et que les tracés rouges et le
sentier Imoucha étaient fermés pour cause de travaux. Il ne restait plus pour
visiter le Prieuré et la Croix de Provence que le chemin des Venturiers sur le
versant nord. En cette période de vacances scolaires cette situation a perturbé
beaucoup de visiteurs.
Chaque année on observe plusieurs chutes de blocs sur le
versant sud de Sainte-Victoire. Tous les secteurs sont concernés, des Costes
Chaudes au Pic des Mouches. Le tracé rouge pointillé du Pas de l’Escalette a été
rouvert le 3 décembre grâce à l’achèvement des travaux dans la partie supérieure
du sentier Imoucha et une semaine plus tard un éboulement relativement modeste,
mais qui l’a traversé, a justifié un arrêté municipal de fermeture dès le 12
décembre ! Selon la quantité de rocher qui se détache, la pente et la nature du
sol plus ou moins rugueux ou végétalisé, l’éboulement peut passer inaperçu ou
traverser des itinéraires fréquentés en laissant des dégradations ou des blocs
posés sur la plate-forme du sentier. Heureusement tous ne sont pas signalés et
les interdictions sont rares, mais elles demandent beaucoup de temps pour être
levées, voire restent sans fin.
Les grimpeurs savent que dans les parties hautes
de la montagne, de nombreux blocs paraissent prêts à se détacher. Mais nous n’en
avons aucune maîtrise. Par exemple, l’écaille suspendue dont le signalement a
entraîné la fermeture du tracé jaune, n’est toujours pas tombée. En revanche,
deux écailles de l’éperon rocheux voisin se sont détachées sans que personne ne
s’en aperçoive.
Alors faut-il continuer à interdire un itinéraire et ainsi
indirectement déresponsabiliser les usagers du massif ? En effet fermer un
sentier, c’est indiquer que celui qui est ouvert plus loin, est sûr. On réduit
de fait la vigilance et la prudence au lieu de développer la conscience et la
gestion du risque.
En outre, interdire un sentier a pour effet d’augmenter la
fréquentation sur des itinéraires habituellement moins fréquentés et parfois
plus difficiles que celui que le randonneur avait prévu de parcourir.
Les
associations assurent des formations sur les fragilités, les risques du milieu
montagnard et les comportements appropriés que doivent adopter les visiteurs.
Sur le terrain les gardes-nature contribuent concrètement à inciter à la
prudence. Grâce aux moyens modernes de diffusion de l’information, notamment les
réseaux sociaux, une simple information d’alerte à l’occasion de chaque
événement pourrait suffire à responsabiliser le visiteur. Entretenir ainsi une
culture du risque en milieu naturel devrait permettre de ne recourir à la
fermeture des itinéraires que dans les éboulements de grande ampleur et de la
limiter au temps strictement nécessaire pour observer qu’il n’est pas resté de
blocs en équilibre instable au point de départ et dans la trajectoire de
l’éboulement.
Laurent Coursol
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