Une transhumance plutôt symbolique

Un maigre troupeau (CD17)

Le massif de Sainte-Victoire a été traversé cette semaine par la Transhumance Marseille Provence 2013, une opération médiatiquement gonflée (et gonflante…). Passe sur le parcours aberrant de cette transhumance, en fait trois itinéraires, qui au lieu d’aller vers les prairies d’estive en alpage, convergent vers la Crau. L’essentiel du troupeau est composé de très beaux chevaux et bovins de Maremme en Toscane, et la participation locale est symbolique. Ce petit troupeau (une cinquantaine de bêtes quand il est passé entre Saint-Antonin et Beaurecueil) est accompagné par un nombre plus important de véhicules (4x4, camions de location, traiteurs, conteneurs de fourrage, gendarmerie, officiels…). Des tentes sont montées à chaque bivouac, avec une impressionnante logistique.

Un bivouac en toile de lin

L’opération, partie intégrante de l’année européenne de la culture (MP 2013), associe de nombreux partenaires, dont le Conseil Général, la Région et les communes traversées. En théorie, elle devrait associer les populations, à l’occasion de pique-niques aux étapes ou de rencontres du soir : « les pique-niques sont les rendez-vous diurnes de TransHumance. Après la fatigue de la marche, à la mi-journée, c’est un temps de réconfort partagé. C’est un luxe frugal pour désaltérer les corps et peut-être parfois aussi les esprits. Dressés en pleine nature dans des sites emblématiques ou symboliques, les pique-niques offrent un point de vue sur le territoire. C’est un moment de rencontre et de partage entre les TransHumants et les marcheurs occasionnels, les écoles ou les représentants des communes en prélude à l’accueil du soir ». Mais l’auteur de ce message n’a recueilli qu’un sympathique « Dégage ! » quand il a tenté de s’approcher du campement de Coquille… Traiteurs et chocolatiers renommés (Riederer) étaient pourtant au menu de ce dîner « frugal » suivi d’une très réservée « observation des étoiles »… Les habitants, eux, n’ont récolté que des ennuis (et de maigres crottins pour leur jardin) : routes coupées, suppression de la Victorine, services interrompus (courrier, livraisons, etc.), tout cela pour un troupeau étique (bien que magnifique).

Fourrage importé et traiteur...

Le discours de cette transhumance d’opérette se gargarise de grandes envolées souvent ridicules. Extraits : « Tout au long du parcours de TransHumance, dans des sites emblématiques du territoire, seront réalisés des grandes chorégraphies de troupeaux réunissant des animaux et des hommes pour tracer ensemble des formes géométriques dans le paysage. Ces dessins éphémères sont réalisés pour le regard des oiseaux. Ainsi, chaque animaglyphe fera l’objet d’images vues du ciel. L’ensemble de ces prises de vue aériennes constituera une mosaïque de notre territoire transformé par le passage de TransHumance ». Bof… On se demande ce que coûte et qui paie cette opération artificielle, prévue du 17 mai au 9 juin 2013, avec une conclusion à Marseille. 

Dommage, car le concept pouvait être intéressant, avec la possibilité de retrouver la culture pastorale ancienne de notre région (mais qui s’est soucié des carraires, des bories, des enclos, des points d’eau, des bergers et troupeaux existants ?) et à condition d’associer réellement la population au lieu de la considérer comme des Indiens dans leur réserve (seule Miramas a prévu une flash mob). Il est vrai que les conditions climatiques (vent glacial) n'ont guère contribué au succès de l'opération...

Bénédict de Saint-Laurent (Saint-Antonin)

Accès au massif pour l’été 2013

Les panneaux annuels préfectoraux limitant l’accès au massif ont commencé à fleurir sur les chemins DFCI et autres sentiers (photo). A partir du 1^er juin et jusqu'au 30 septembre 2013, il pourra en coûter 135€ pour toute visite illégale du territoire de Sainte-Victoire…

Le GSSV se préoccupe par ailleurs de limiter la fréquentation sur certains secteurs sensibles, par exemple le Pas de la Vache, qui relie l’ouest du plateau du Cengle et le chemin DFCI qui surplombe Beaurecueil. Il s’agit de protéger les oiseaux qui nicheraient dans la falaise.

Barrière sous le Pas de la Vache

Pannonceaux d'interdiction

Intention louable, mais dans le même temps, une voie de grande largeur a été réalisée dans ce quartier pour construire un impressionnant réservoir d’eau… Première infrastructure pour continuer à développer l’urbanisme sur Beaurecueil ?

(B. de Saint-Laurent)

Le futur réservoir d'eau de Beaurecueil

Un trail trop prolifique ?

L’AIL Rousset a organisé le 7 avril 2013 la 11^ème édition du Trail Sainte Victoire. Deux distances étaient proposées : un Trail Long de 60 km et 3000 m  de dénivelé et un Trail Court de 35 km et 1200 m  de dénivelé. Bénéficiant de l’aide de 130 bénévoles, l’épreuve s’est bien passée, sans incident majeur, mais son succès pose à nouveau la question de la surfréquentation de certaines zones fragiles

De l’aveu même des organisateurs (http://www.ail-rousset.com/~trail/http://www.ail-rousset.com/~trail/), 600 coureurs ont pris le départ, en contradiction avec la Charte du Massif qui limite le nombre maximal de participants à 500. Certains sentiers, herbeux avant la course, ont été irréversiblement creusés (voir photo du haut). Les aménagements réalisés par le Conseil Général dans le secteur du Trou ont été intensivement testés (photo ci-contre). Un nouveau trail est annoncé pour le 6 avril 2014 –et il faut dès à présent poser avec le GSSV la question du volume de passage supportable sur les secteurs les plus sensibles.

B. de Saint-Laurent (Saint-Antonin)

Une expo bizarre à la Maison Ste Victoire

L’exposition « Les couleurs de l’univers » est proposée à Saint-Antonin-sur-Bayon du 13 avril au 29 septembre dans le cadre de Marseille-Provence 2013. La maison Sainte Victoire a fait l’objet de son n^ème et coûteux réaménagement pour accueillir, dans un noir total, des visiteurs un peu interloqués par l’incongruité du sujet. Une série d’expériences sur la lumière, du genre « Palais de la Découverte » ou « Cité des Sciences » sont proposées au visiteur, ainsi qu’un film 3D (qui ne marchait pas complètement le jour de l’inauguration) sur l’histoire de la couleur depuis le Big Bang jusqu’à nos jours. Malgré la performance technique des scientifiques de l’Institut Pythéas - Observatoire des Sciences de l'Univers (CNRS/AMU/IRD), ce film de synthèse, et l’expo en général, laissent froid un spectateur étonné qu’en plein printemps et dans un si bel environnement, on puisse l’enfermer dans une chambre noire. Le lien avec la culture, la nature, le lieu échappe à la compréhension des habitués du massif. Dommage ! Maison Ste Victoire, tous les jours, entrée libre.

(Anton Tnias Tnerual) 

Un hiver long, froid, pluvieux

Brrr.... L'hiver 2012-2013 n'est pas vraiment terminé, mais s'annonce déjà comme le plus sévère de la décennie. 4 épisodes neigeux sur le massif, des pluies abondantes, beaucoup de vent et de changements de temps. La végétation a environ un mois de retard sur le calendrier officiel. Ce serait dû, paradoxalement, au changement climatique -fonte de la calotte arctique qui maintiendrait des hautes pressions très haut dans l'Atlantique et un courant d'air froid vers l'Europe...

Tournage à Coquille

Cette météo peu clémente a créé des conditions difficiles pour le troupeau caprin qui hiberne à Saint-Antonin. Hiberne, le mot est presque exact, puisque les mamans chèvres ne peuvent toujours sortir et que les bébés chevreaux sont du coup plus chétifs. La mortalité a été élevée en début d'année. Un enclos d'un hectare est en cours d'aménagement dans le grand pré du Chinois, pour permettre au troupeau d'y passer la nuit dès que reviendront les beaux jours. Un autre enclos a été installé juste après Coquille par le Département, mais il ne devrait servir que pour une transhumance folklorique (taureaux et chevaux de Camargue) en début d'été. La ferme de Coquille sert actuellement de décor au tournage d'un film russe... le troupeau de chèvre étant mobilisé comme figurant...

(Antonin le météorologue)