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jeudi 10 mars 2016

Nuages sur le Grand Site…



Lors de la réunion du 8 mars 2016 sur la charte des manifestations, le directeur du Grand Site Sainte-Victoire (GSSV), Philippe Maigne, a donné des informations sur l'évolution institutionnelle de cette structure. La décision tardive (décembre 2015) de la Préfecture des Bouches-du-Rhône de dissoudre le GSSV (comme d'autres syndicats mixtes, par exemple l'Europôle de l'Arbois) a surpris les élus –la Métropole du Grand Marseille est en effet censée absorber en son sein toutes ces structures. En définitive, la Métropole ayant pris du retard, le Préfet a admis que l'année 2016 serait une année de transition, pour laisser le temps au Grand Site et à sa future tutelle de trouver une solution satisfaisante. De leur côté, les élus participant au Comité Syndical du Grand Site, le 1er mars 2016, ont souhaité que le nouveau schéma institutionnel puisse préserver une entité suffisamment autonome chargée de piloter le programme d'actions actuellement confié au GSSV (en particulier la gestion du contrat Natura 2000). Le risque est en effet de voir dilué le Grand Site dans un service de l'environnement de la Métropole, gérant depuis Marseille des actions de caractère local. Le geste des élus témoigne de leur attachement à une structure dont ils estiment le bilan positif (cf. pétition signée des maires du massif sur ce lien).

L'ASV partage largement le point de vue des élus. Si tout n'est pas parfait, le Grand Site porte, au niveau officiel, une préoccupation méritoire de l'environnement, de la protection de la nature et des sites, et du développement durable. Il y a sans doute à réfléchir sur l'articulation entre GSSV et autres acteurs très présents sur le massif, en particulier le Conseil Départemental (gros propriétaire foncier et gérant de parcs de loisirs) et la Communauté du Pays d'Aix (laquelle doit également se fondre dans la métropole). De même, le Grand Site, à la différence de structures comme les parcs régionaux ou nationaux, n'intervient guère dans le champ économique (création d'activités) ou réglementaire (conseils en matière d'urbanisme, par exemple), alors que le besoin existe. Mais il serait dommage de fragiliser un outil qui a le mérite d'exister, qui a trouvé sa place et sa légitimité dans la gestion publique locale, et qui joue en particulier un rôle essentiel en matière d'environnement (études, mais aussi expérimentations, gestion de l'espace etc.).

L'ASV fera part prochainement de sa position. Comme toute crise, la situation actuelle donne des opportunités – ne peut-on, justement, envisager de renforcer le dispositif actuel en réfléchissant à un statut de Parc Naturel, qui correspond bien à la vocation de Sainte-Victoire (les associations le proclament depuis le Livre Blanc de 1990…)? Comme l'a indiqué Philippe Maigne, si les communes de Pourrières ou Rians (appartenant au Var) avaient pu rejoindre à temps le GSSV, comme elles en ont le désir, il n'aurait pas été possible d'intégrer le GSSV à la Métropole. Il va donc falloir remettre l'ouvrage sur le métier, mais si toutes les parties prenantes y contribuent positivement, cela pourrait déboucher sur un progrès, et non sur une régression.

(Bénédict de Saint-Laurent, administrateur, ASV)

mardi 1 mars 2016

Adieu à deux amoureux de Sainte-Victoire!



Deux célébrités qui aimaient passionnément ce massif ont disparu en début d'année :


André Turcat à Beaurecueil
# André Turcat, premier pilote du Concorde et habitant de Beaurecueil. Tous ses amis et connaissances regretteront sa gentillesse, son accent rocailleux du Midi (bien que né à Marseille!), sa simplicité –malgré ses grandes connaissances, par exemple sur l'art religieux, et ses exploits aéronautiques. Bien avant le Concorde, il avait par exemple pulvérisé le record du monde de vitesse en circuit fermé de 100 km, le premier record français de l'après-guerre. A la fois ingénieur (X 1942) et littéraire (il passera un doctorat ès-lettres en 1990…), André Turcat mêlait des préoccupations spirituelles (Sainte-Victoire l'inspirait comme une œuvre d'art sacré…) et des engagements techniques autour de l'aviation ou même politiques -il fut député européen-. Le "sage volant", comme l'appelait Libération, fonda, à Toulouse en 1983, l’Académie de l’air et de l’espace, et publia plusieurs ouvrages sur l'aéronautique, mais aussi sur l'art et la spiritualité chrétienne. Mort au tout début janvier 2016, il a rejoint là-haut tous ses anciens amis aviateurs, militaires ou civils…
Edmonde Charles-Roux (photo Paris-Match)
# Edmonde Charles-Roux, tour à tour infirmière et aide de camp (pendant la 2ème guerre mondiale), journaliste, femme de lettres, est morte à Marseille le 20 janvier 2016, à 95 ans. Comme André Turcat, son voisin dans le massif, elle était née en 1921. De sa riche jeunesse (son père, armateur marseillais, était aussi diplomate et la famille vécut à Saint-Pétersbourg, Istanbul, Le Caire, Prague, Londres et finalement Rome), Edmonde Charles-Roux tira un éclectisme, une énergie et une indépendance remarquable. Après-guerre, elle brille en particulier dans le journalisme (Elle, Vogue), la mode et la culture (par exemple en contribuant à lancer le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence). Comme André Turcat encore, elle collectionne les récompenses, de la Médaille Militaire au prix Goncourt (pour Oublier Palerme en 1966), et jusqu'à la présidence de la prestigieuse académie. Pierre Assouline l'affuble de tous ces qualificatifs : "indépendante, curieuse, irrévérencieuse, sobre, empathique, raffinée, ardente, insoumise, courageuse, frémissante, cosmopolite, la conviction faite femme, élégante en toutes choses, (…) méditerranéenne, grande bourgeoise, élevée sous les lambris des chancelleries". Plus tard, sans doute amenée par Gaston Defferre, qui avait acheté le domaine de Maurély à Saint-Antonin, elle découvre ou redécouvre Sainte-Victoire, à qui elle postface parfois ses ouvrages ("écrit face à Sainte-Victoire"). Elle s'engage aussi, l'Association pour Sainte-Victoire peut en témoigner, en venant haranguer la foule rassemblée dans le parc de Roques-Hautes, juste après l'incendie du 28 août 1989 et comparant ce terrible incendie à l'exode de 1940…

Avec ces deux figures familières s'est ainsi poursuivi le compagnonnage de Sainte-Victoire avec une longue lignée d'artistes, créateurs ou scientifiques : Cézanne et avant lui Granet, Fernand Pouillon, Maurice Blondel, Georges Duby, André Masson, Jacqueline de Romilly et d'autres encore tels que Léo Machurtz, Pierre Tal-Coat, François Aubrun, John Rewald etc. etc. Comme si la captivante montagne attirait à elle des personnalités d'exception…

(Bénédict de Saint-Laurent, Saint-Antonin)