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jeudi 5 mars 2015

Le champ du Chinois, pourquoi?



Cette question m'a été posée par Georges Flayols, éminent parapentiste, photographe et membre de l'ASV –et j'y réponds volontiers. Peu après le grand incendie de 1989, les projets les plus fantaisistes fleurirent sur la montagne calcinée. Beaucoup furent heureusement abandonnés. Mais un jeune et opiniâtre artiste chinois, Huang Yongping, en résidence à l'Ecole des Beaux-Arts d'Aix-en-Provence, réussit à mener à bien sa drôle d'installation, le "Sacrifice au Feu" (cf. présentation résumée). Malgré les protestations des
3 des 8 oratoires, devant l'oppidum calciné
habitants (non contre le geste artistique, mais contre le côté provocateur d'une célébration de l'incendie pour des gens qui vivaient dans la cendre et l'odeur de brûlé depuis plusieurs mois), le maire de Saint-Antonin donna l'autorisation d'ériger 4 cages mobiles contenant respectivement du bois brûlé, de la terre calcinée, des extincteurs et 600 kg de journaux, 8 oratoires en ferrociment de 3,50 m de haut (censés célébrer le cycle de la vie et de la mort du feu), ainsi qu'un talisman sous formes de bandes de plâtre dessinées sur les pentes (et élément "non interprétable", de l'avis même de son auteur…). Le lieu choisi en définitive (l'artiste avait d'abord pensé aux pentes de l'oppidum d'Untinos) fut la grande prairie à l'est du parking des Deux Aiguilles et la petite colline qui surmonte cette prairie (aujourd'hui très populaire pour le pique-nique familial et hélas les drones...).



Les 4 cages mobiles
L'installation n'eut guère de succès. Nulle trace n'en fait part sur internet. Les cages mobiles restèrent quelque temps, puis furent discrètement embarquées, comme les oratoires. Seules les reliques des bandes de plâtre et ce chaux (rayures espacées d'un mètre, sur une centaine de mètres) interpellèrent parfois les parapentistes  - Sainte Victoire n'est pourtant pas une montagne aztèque, malgré les géoglyphes à nouveau tentées lors de la Transhumance de 2013. Quant à Huang Yongping, à en croire sa biographie sur Wikipedia, il est resté en France et reste marqué par l'absurde, la déconstruction et le feu, comme en témoigne cette déclaration fracassante : "L'œuvre d'art est à l'artiste ce que l'opium est à l'homme. Avant que l'art soit détruit, la vie n'est jamais paisible. Dada est mort. Attention au feu." Bref, mystère et boule de gomme. Perplexes, mais loyaux, les Saint-Antonéliens baptisèrent le lieu du joli nom de "champ du Chinois". Et cela du moins est resté…

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

mardi 3 mars 2015

Retour provisoire du berger à Saint-Antonin



Didier Vaiser, le berger, ou plutôt le chevrier de Saint-Antonin, a refait son apparition sur le plateau début mars 2015. Mais ce n'est hélas que pour une courte période de 2 mois (nécessaire pour qu'il assure son contrat minimal avec la municipalité et touche ses primes européennes). Il doit ensuite démonter la tente qui est située près du Bayon, au sud du champ du Chinois, et effectuer une courte transhumance vers le domaine de Saint-Hilaire (Ollières, Var), où il pourra bénéficier de perspectives à plus long terme.

Après cet échec (pour le Grand Site et la municipalité de Saint-Antonin), la question de l'agro-pastoralisme, pourtant souhaité dans les documents Natura 2000 et autres plans de gestion du massif, reste donc entière. La cohabitation du berger avec les habitants et les visiteurs ne semblait pas poser de problèmes. Cela semble moins évident pour les chasseurs, qui n'apprécient pas forcément que les espaces de broussailles s'ouvrent et que le gibier soit dérangé. Pour tout compliquer, notre ami, compère le loup, est annoncé. En outre, le maintien d'un berger sur place implique que des solutions soient apportées aux problèmes de logement (le berger actuel venait chaque jour d'Oraison, il vient d'acquérir une caravane, stationnée au camping de Beaurecueil) et de rentabilité de l'activité (surtout possible si une transformation du lait, par exemple en fromage, est réalisée, mais cela nécessite un équipement assez coûteux). Il reste qu'un gigantesque espace de prairies et de garrigues doit être entretenu (près de 1 000 hectares) et que l'agro-pastoralisme est souvent préférable aux autres options (débroussaillement mécanique, brûlage etc.). Avis aux bergers intéressés !

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

lundi 16 février 2015

Les Amis de Sainte-Victoire fêtent leurs 60 ans



L'association des Amis de Sainte-Victoire (AdSV*), connue pour sa magnifique réhabilitation du Prieuré de Sainte-Victoire (sous la Croix de Provence), a été créée en 1955. L'Association travaille de façon continue (chaque jeudi en particulier) pour poursuivre la remise en état des anciens bâtiments construits par les moines (chapelle et prieuré, transformé en refuge) et pour l'environnement adjacent (jardin, sentiers et murets, plantation de cèdres, pré des moines). Elle dégage actuellement l'ancien escalier qui permettait d'accéder au jardin des moines, en versant sud. Elle envisage aussi de reconstruire l'ancien cloître. Elle organise chaque année un pèlerinage traditionnel (Roumavagi, dernier dimanche d'avril) au sommet de Sainte-Victoire, avec une messe en provençal et un temps festif.

Pour ses 60 ans, l'association organise une conférence ouverte à tous, "une fabuleuse histoire d'hommes", le mercredi 11 mars 2015 à partir de 18:30 dans l'amphithéâtre de la Verrière, Cité du Livre, 8-10 rue des Allumettes à Aix-en-Provence. Vous êtes conviés, venez nombreux!

(Information transmise par Florence Perrot, AdSV)

*A ne pas confondre avec l'ASV (Association pour Sainte-Victoire), laquelle regroupe différentes associations du massif, dont l'AdSV.

dimanche 15 février 2015

Le refuge Baudino fermé pour des raisons de sécurité




Le refuge Baudino, sa chênaie, sa fermeture
Le charmant petit refuge Baudino est actuellement fermé pour des raisons de sécurité.  Des risques d’intoxication au monoxyde de carbone ont poussé le Grand Site Sainte Victoire à prendre cette décision.  Une chaîne et un cadenas interdisant son accès ont été posés début février 2015.  Nous espérons cette fermeture temporaire, et vous tiendrons informés des évolutions. Ajoutons que le refuge est situé sur un domaine privé -c'est l'occasion de remercier la famille Laucagne pour le fait d'accepter le passage de randonneurs et grimpeurs sur son territoire.

(Information transmise par Patricia Gauberti, ASV et GUMS)

vendredi 13 février 2015

Les dinosaures de Sainte-Victoire, réserve et expo




Dinosaure à la Maison Ste-Victoire
La réserve naturelle de Sainte-Victoire (près de 140 ha au-dessus de Roques-Hautes) permet une sauvegarde (avec un budget d'environ 200k€/an) d’un des nombreux gisements d’œufs de dinosaure de la vallée de l’Arc. Le site de Roques-Hautes est particulièrement intéressant, car à la racine des diverses espèces de dinosaures, les autres sites de la vallée concernant des espèces plus récentes. La réserve est gérée par le CG13 depuis une vingtaine d’années, avec des objectifs de conservation (empêcher les intrusions dans le cœur de la réserve, interdit au public), d’étude (campagnes de fouilles, interprétation) et de pédagogie (visites organisées d’écoles ou de spécialistes). Lors d'une réunion le vendredi 30 janvier 2015, en présence (entre autres) du Sous-Préfet, du CG13 et de divers scientifiques, plusieurs annonces importantes ont été faites sur l'avenir et la gestion de cette réserve : un conseil scientifique a été constitué avec des experts reconnus du Muséum d'Aix, de l'Université et du Grand Site; un conservateur va être enfin nommé (M. Thierry Tortosa); une mission confiée au cabinet Tera 13 a été lancée pour définir un plan de gestion de la réserve pour la période 2016-2020.

Le bilan 2014 témoigne d’une fréquentation toujours croissante,  avec 5 914 visiteurs en 2014 dans le cœur de réserve (les 29 ha ouverts aux seuls spécialistes), contre 2 755 en 2013 (+114%) ; 153 790 visiteurs ont fréquenté le parking de l’Aurigon (Roques-Hautes) en 2014, contre 135 661 en 2013 (+13%) ; ce parking donne accès à la réserve, mais tous ses usagers ne se rendent pas dans la zone périphérique ouverte au public. Malgré cette fréquentation, la présence de gardes à cheval (215 patrouilles en 2014, soit plus d’un jour sur deux) a, semble-t-il, évité toute intrusion. Elle est cependant quelque peu perturbée par le déminage du champ de tir voisin de Roques-Hautes, avec un très grand nombre de munitions à détruire (3000 roquettes à déterrer sur la seule dernière butte,  travail qui sera repris à l’automne 2015). Il semblerait également que la zone soit partiellement polluée aux métaux lourds, un comble pour une réserve naturelle !

En 2014, les visites guidées (surtout écoles et familles) ont concerné 1 700 personnes. Un éco-guide existe, mais est actuellement revu par le CG13, avec deux classes d’âge prévues (6-9 ans, et plus de 10 ans- à paraître en 2015). Trois campagnes de fouilles ont été réalisées et une autre devrait intervenir au printemps 2015. La réserve (dont l’objet n’est pas que paléontologique) permet également le suivi d’un couple d’aigles, la lutte contre les chenilles processionnaires (nichoirs à mésange), de l’entretien forestier, des voyages d’études et d’autres actions de coopération ou de formation.

Le fameux rhabdodon ?
Dans ce cadre, le Muséum d'Histoire Naturelle d'Aix-en-Provence expose actuellement à la Maison Sainte Victoire ses recherches en paléontologie dans le massif de Sainte-Victoire. Une vidéo et des moulages présentent les 2 réalisations les plus marquantes : la numérisation et la reconstitution d’un squelette de Rhabdodon à partir des 2 individus les plus complets trouvés en Europe, et la découverte d’un nouveau gros dinosaure carnivore lors des fouilles de l’autoroute A8. Le Muséum d’Aix serait l’une des seules structures en France à maîtriser toute la chaîne opératoire de la recherche, depuis les prospections et les fouilles sur le terrain, jusqu’à l’étude des fossiles en passant par la préparation du matériel, l’exposition et la mise en collection.

  • Maison Sainte-Victoire, CD17 à 13100 Saint Antonin sur Bayon. Tous les jours de 9:30 à 18:00 du 24 janvier au 5 juillet 2015, entrée gratuite.

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV, participant à la réunion du 30/1/2015)