L’arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Marseille
rendu le 31 mars 2021 tranche en faveur des associations, en particulier en
confirmant la non-validité des autorisations données à l’opérateur des éoliennes,
du fait du manque d’études d’impact environnemental. On trouvera sur ce lien le jugement de la CAA.
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Sainte-Victoire cernée d'éoliennes (photo X?) |
L’opérateur Provencialis ira certainement en cassation
(Conseil d’Etat), mais il est possible que les associations aient gain de cause
dans cette enceinte. Ce combat sur la « mère des éoliennes » est
important, pas tant pour ce dossier que pour la dizaine d’autres projets
accrochés de part et d’autre de la ligne très haute tension entre Ginasservis
(Cadarache) et St-Maximin (éoliennes et champs photovoltaïques). Tous ces
projets produiront très peu d’énergie en définitive, mais créeront une coupure
irrémédiable à l’est de Ste-Victoire, dans des espaces largement vierges, en
totale contradiction avec le schéma régional de cohérence écologique, à prendre
en compte dans les SCOT. Chaque champ solaire gèle 5 à 30 ha, totalement
déboisés, et ensuite traités chimiquement pour éviter plantes et insectes…
c’est une sérieuse atteinte à la biodiversité, ainsi qu’au paysage, qui
ressemblera dans quelques années à la Costa del Sol avec ses serres à perte de
vue.Il serait souhaitable de créer une sorte de
« Conservatoire des espaces de l’arrière-pays » (cf. Conservatoire du
Littoral), car des groupes internationaux achètent en force le foncier (très
peu cher en France, avec nos densités faibles, et des espaces naturels déserts
qui ne produisent guère) pour profiter des conditions tarifaires favorables aux
énergies dites « vertes ». Les éoliennes d’Artigues et Ollières ont
déjà été revendues deux fois, à Eco Delta, puis à un fonds irlandais.
Dans ce contexte, les 14 associations qui se sont
associées aux recours déposés par Sites et Monuments vont tenter de muscler
leur action. Un plan de bataille pour une action de sensibilisation et de
mobilisation des populations concernées a été mis au point. Outre la cagnotte existante sur Leetchi, qui a permis de recueillir près de 3 000 € de la part de plus de 100 donateurs,
un premier financement majeur de 50 000 € a été trouvé par l’ASV auprès d’un
mécène américain (et habitué des luttes écologiques), Michael Bond. Pour des
raisons pratiques et pour bénéficier de l’antériorité des actions lancées par
Sites et Monuments, ces fonds seront administrés par cette dernière association,
en lien avec ses partenaires locaux.
La pétition de 2020, toujours d’actualité, et signée par
plus de 21 500 personnes, mérité d’être relancée après ce succès. Elle reste
donc à signer et faire signer par ceux qui sont convaincus sur ce lien.
Le combat de l’ASV et de ses partenaires contre les moulins
à vent a changé d’âme. Le vent est en train de tourner... Les populations
commencent à réagir contre le fait que les éoliennes et centrales solaires
industrielles se répandent rapidement dans l’arrière-pays provençal ou cévenol. Ces
projets trop nombreux sont vraiment dommageables pour le paysage et pour la
biodiversité. En outre, ils constituent une aberration financière, puisque le
courant produit est racheté près de 3 fois le prix au marché spot (c’est le
consommateur qui paie la différence). Du fait de l’intermittence, de l’extensivité de ces
énergies dites « vertes » (qui sont diffuses par nature), et de leur faible
rendement, l’efficacité est très limitée. Il faudrait 650 éoliennes de 2 MW et
135 m de haut, comme celles installées à l’est de Sainte-Victoire, pour
remplacer une seule tranche nucléaire de 1 300 MW. Le coût du programme
éolien français jusqu’en 2030 est du même ordre que le coût du programme électronucléaire
passé, soit 80 à 90 milliards d’euros, mais pour produire 5 fois moins
d’électricité ! C’est cher payer la transition énergétique, sans compter
l’effet désastreux sur le CO2, avec un recours inévitable aux énergies fossiles quand le vent ne donne pas, comme en Allemagne… De plus en plus d’articles dans
les médias locaux ou nationaux font état de cette prise de conscience de l’opinion.
(Bénédict de Saint-Laurent, administrateur, ASV)