Après les feux qui ont ravagé le nord de Marseille et les
Calanques, une frénésie de vertes plantations a fleuri dans le langage de
certains décideurs… C'est habituel… Le site marseillais marsactu a consacré un
article à l’inanité des plantations et interrogé pour ce faire divers
interlocuteurs, dont notre secrétaire général Jean-Paul Bouquier (non
spécialiste, mais disponible au moment de la crise…). On pourra lire cet
intéressant article sur ce lien (pour les abonnés) ou en téléchargeant ici le texte que l'auteur a bien voulu nous faire parvenir.
Quelques remarques personnelles pour compléter le point de
vue des personnes interrogées par marsactu :
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Ste-Victoire depuis Bimont (pienture de Renée Jullien) |
- Ce qui est écrit est assez vrai dans l’ensemble, mais un peu
excessif par le rejet de toute plantation. Outre l’aspect
psychologique/symbolique (aider les gens à reconstruire leur environnement,
mettre rapidement « du vert », éduquer au respect de la végétation), les
plantations ne sont pas toutes inutiles (espèces pionnières dans les vallons et
espaces humides, diversification des espèces, mise en valeur de quelques lieux
remarquables).
- Bien sûr, à moyen et long terme, la nature fait mieux que
nous, les hommes. Mais contrairement à ce que dit marsactu : 1. Même sur un
site très aride comme l’oppidum de Saint-Antonin, il subsiste des arbres
plantés dans les années 90 (mettons 5 à 10%) et certains ne sont pas des
bonzaïs (il y a des cytises, des frênes ou des figuiers de 3 ou 4 mètres, même
dans les canyons rouges de l’oppidum) ; 2. Là où la plantation a été un échec
(par exemple, trous réalisés à l’explosif par l’ONF), le travail sur la terre
n’a pas été inutile et une espèce locale est souvent venue s’implanter dans la
terre ainsi ameublie; 3. Après expérience, ce qui marche le mieux, ce sont les
tous petits plants - à condition de planter en novembre et pourvu que l’été
suivant soit pluvieux ; et encore mieux, le semis de graines ou de noyaux pris
sur place (frênes, cytises, acacias, pruniers, figuiers etc.) marche bien dans
les creux humides.
- Finalement, entre plantations (un peu vaines) et travail de
la nature (plus efficace, pourvu qu'il pleuve un minimum…), la biodiversité est
en marche, mais c’est très long! C’est du micro-jardinage (pour les hommes) ou de l'auto-enrichissement extensif (pour la nature) et il faut admettre
que le paysage de Sainte-Victoire restera longtemps dominé par les pins, en
particulier sur le piémont sud.
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La brèche du Troncas, site remarquable |
A ce propos, une très remarquable étude sur le piémont sud
de Sainte-Victoire (pilotée par le GSSV) est téléchargeable sur ce lien. Des
cartes et illustrations magnifiques permettent de visualiser le paysage offert
par le massif, depuis différents points de vue. On peut seulement regretter que
le périmètre d'étude, qui va de Beaurecueil à Puyloubier, oublie une partie non
classée de la route Cézanne entre le moulin Cézanne et Beaurecueil, dans un
espace aujourd'hui assez menacé. Mais cette étude se poursuit et pourra
proposer une stratégie intelligente de gestion paysagère du site.
(Bénédict de Saint-Laurent, Saint-Antonin)