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mercredi 18 avril 2018

Sainte-Victoire aime les artistes… qui aiment Sainte-Victoire…




Sainte-Victoire inspire toujours écrivains et artistes. On se souvient du joli recueil de l'Association Route Cézanne du Tholonet ("la Route Cézanne, un lieu inspiré…"), qui faisait un inventaire des nombreux intellectuels, peintres, poètes, philosophes et autres personnalités qui ont séjourné avec bonheur aux abords de la belle montagne (Fernand Pouillon, Léo Marchutz, Maurice Blondel, Jacqueline de Romilly, André Masson, Jacques Lacan, Tal Coat, André Malraux, Georges Duby, François Aubrun, Henri Madiney, Silvia Bataille etc. –on peut ajouter, un peu plus loin, André Turcat, Pascal Riou ou Edmonde Charles-Roux). On se souvient aussi des élucubrations de Jean-Pierre Sauvage et de son fantasque Victory Club. Et du magnifique livre de dessins de Peter Hauenschild.

Un autre beau livre d'échanges et d'images ("Dialogues sur Sainte-Victoire") raconte le dialogue sur Sainte-Victoire entre deux amoureux de la montagne, Christian Debanne et François Gilly, au fil des années. Un livre fait de croquis sauvages, de photos surprenantes, de textes originaux, de mots venus du rocher, des buissons, de la lumière, des pas, de chaque pas... Christian Debanne, graphiste, dirige l’atelier de Conti à Aix-en-Provence. François Gilly, plasticien poète, habite Saint Marc-Jaumegarde.


Autre expérience littéraire "victorienne", celle d'Annabelle Léna et Philippe Paternolli qui signent un polar sombre et mystérieux (sauf à la fin!) qui a pour cadre l'emblématique montagne… Extrait : "Face à lui, au loin, se dresse la montagne Sainte-Victoire. Massive, puissante. Indestructible. Gilles traverse la route. Des vignes s’étirent à ses pieds. Une clôture électrique en borde le champ. Tous les cinq mètres environ, une petite pancarte pointe, où se dessine une main électrocutée, pour prévenir quiconque essaierait…" Une magnifique exposition de photos en noir et blanc (polar oblige…) de la montagne vient illustrer ce livre noir.

  • Dialogues sur Sainte-Victoire. Christian Debanne et François Gilly. Editions Agacynthe, disponible à la librairie le Blason 2 Rue Jacques de la Roque, 13100 Aix-en-Provence (et sur Amazon…), 20€
  • Arrêtez-moi là. Annabelle Léna et Philippe Paternolli. Editions du Caïman, 13€
  • La Route Cézanne, un lieu inspiré…, ARCT, 8€
  • Photos de Philippe Paternolli, librairie le Blason 2 Rue Jacques de la Roque, 13100 Aix-en-Provence, jusqu'au 5 mai 2018.

vendredi 13 avril 2018

Une vidéo des sites de France sur Sainte-Victoire (entre autres sites)



Le Grand Site Sainte-Victoire a participé à l'élaboration du film promotionnel "Portraits de Paysages", qui évoque la gestion de ces territoires particuliers que sont les grands sites labellisés. Cette vidéo peut être regardée sur ce lien (la partie concernant Sainte-Victoire est située entre 17'40" et 25'11"). Au-delà d'une présentation un peu banale des enjeux de conservation de cet espace, la vidéo explique l'activité et la vision d'un garde-nature.

Autre publication à laquelle a participé le GSSV, une étude européenne des montagnes emblématiques (Olympe, Etna etc.), qui a permis d'éditer une monographie sur Sainte-Victoire (cliquer sur ce lien). La terminologie utilisée (montagnes "emblématiques") énerve quelque peu les familiers de Sainte-Victoire, qui se sentent dépossédés, par ce "parisianisme" (ou "bruxellisme"…), de leur rapport plus simple, plus concret, avec la montagne. Elle participe aussi au maintien du mythe victorien, avec tout son cortège polluant de promotion touristique et de sur-fréquentation. Mais cette étude a aussi le mérite de proposer un sentier de découverte du piémont du massif, une idée qu'a portée l'ASV dans une publication antérieure datant de 2015 (voir cet article et ce document).

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

samedi 7 avril 2018

Mieux connaître les spécificités de la forêt méditerranéenne (conférence ASV du 21 mars 2018 au Tholonet)


La conférence organisée au Tholonet par l'Association pour Sainte-Victoire le 21 mars 2018 a permis à une public très attentif de suivre l'exposé passionné de Michel Matty sur la forêt méditerranéenne. Ce dernier a travaillé pendant plus de 20 ans sur le terrain comme gestionnaire des forêts soumises à l'ONF du massif de Sainte-Victoire. Il a ensuite assuré durant une dizaine d'années le suivi foncier des forêts de la région (Bouches-du Rhône et Vaucluse), en utilisant des outils géomatiques.

Son approche très pédagogique a permis d'aborder l'histoire de la forêt (provençale en particulier), la typologie des différents massifs, les usages ou fonctions de la forêt et du bois, les méthodes de sylviculture. Tout en valorisant le travail de ses collègues attachés à développer une forêt "soignée", ouverte, et productive, M. Matty a reconnu certaines évolutions dans la doctrine de l'ONF, par exemple en matière d'adaptation des types d'essences au terrain, de maintien des arbres morts (utiles pour les insectes, les oiseaux, la biodiversité), ou d'abandon de la stratégie de plantation dans un massif comme Sainte-Victoire (selon lui, assez inutiles, sauf cas particulier). Il a montré que la nature fait beaucoup mieux que l'homme pour régénérer la forêt. Il a évoqué la vigueur des repousses après des coupes. Et il a témoigné de la variété (souvent peu ressentie) et de la beauté des forêts de la région, certes moins spectaculaires que les forêts cathédrales du nord et de l'est de la France, mais riches en essences diverses, du fait de sols assez variés (calcaire, argile, silice etc.).

Selon lui, il faut à présent accompagner la croissance de cette forêt en évitant surtout les incendies. La forêt méditerranéenne est jugée peu productive. Mais Michel Matty a eu cette boutade : "sauf pour produire des bonzaïs, que l'on pourrait revendre très cher !"  - effectivement, le suivi des grandes plantations réalisées depuis les incendies majeurs de la fin du siècle dernier (Trets, Cengle, Sainte-Victoire) montre rarement des résultats convaincants. Les débouchés restent assez peu valorisants : bois énergie et pâte à papier, cette dernière filière pâtissant de la fermeture de l'usine de Tarascon (dont le stock de bois a brûlé…).

Parmi les intervenants côté public, Jean Bonnier, ancien secrétaire de l'Association Forêt Méditerranéenne, a rapidement présenté le diagramme ci-contre, qui justifie la spécificité de la forêt méditerranéenne, la difficulté à la gérer, et les essences qu'elle peut porter. La conjonction pendant les mois d'été de fortes chaleurs et de la rareté des précipitations rend cette forêt beaucoup plus vulnérable que celles du nord – ce que ne comprennent pas toujours les décideurs parisiens ou bruxellois…

Faute de temps, cette rencontre n'a pu permettre d'aborder certains sujets comme l'avenir forestier du massif, les risques qui demeurent, les actions à mener, l'impact du changement climatique, ou l'évolution des usages de la forêt (moins de chasseurs, davantage de randonneurs). Ce sera pour une autre fois !
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)