La conférence organisée au Tholonet par l'Association pour
Sainte-Victoire le 21 mars 2018 a permis à une public très attentif de suivre
l'exposé passionné de Michel Matty sur la forêt méditerranéenne. Ce dernier a
travaillé pendant plus de 20 ans sur le terrain comme gestionnaire des forêts
soumises à l'ONF du massif de Sainte-Victoire. Il a ensuite assuré durant une
dizaine d'années le suivi foncier des forêts de la région (Bouches-du Rhône et
Vaucluse), en utilisant des outils géomatiques.
Son approche très pédagogique a permis d'aborder l'histoire
de la forêt (provençale en particulier), la typologie des différents massifs,
les usages ou fonctions de la forêt et du bois, les méthodes de sylviculture.
Tout en valorisant le travail de ses collègues attachés à développer une forêt
"soignée", ouverte, et productive, M. Matty a reconnu certaines
évolutions dans la doctrine de l'ONF, par exemple en matière d'adaptation des
types d'essences au terrain, de maintien des arbres morts (utiles pour les insectes,
les oiseaux, la biodiversité), ou d'abandon de la stratégie de plantation dans
un massif comme Sainte-Victoire (selon lui, assez inutiles, sauf cas
particulier). Il a montré que la nature fait beaucoup mieux que l'homme pour
régénérer la forêt. Il a évoqué la vigueur des repousses après des coupes. Et
il a témoigné de la variété (souvent peu ressentie) et de la beauté des forêts
de la région, certes moins spectaculaires que les forêts cathédrales du nord et
de l'est de la France, mais riches en essences diverses, du fait de sols assez
variés (calcaire, argile, silice etc.).
Selon lui, il faut à présent accompagner la croissance de
cette forêt en évitant surtout les incendies. La forêt méditerranéenne est
jugée peu productive. Mais Michel Matty a eu cette boutade : "sauf pour
produire des bonzaïs, que l'on pourrait revendre très cher !" - effectivement, le suivi des grandes
plantations réalisées depuis les incendies majeurs de la fin du siècle dernier
(Trets, Cengle, Sainte-Victoire) montre rarement des résultats convaincants.
Les débouchés restent assez peu valorisants : bois énergie et pâte à papier,
cette dernière filière pâtissant de la fermeture de l'usine de Tarascon (dont
le stock de bois a brûlé…).
Parmi les intervenants côté public, Jean Bonnier, ancien
secrétaire de l'Association Forêt Méditerranéenne, a rapidement présenté le
diagramme ci-contre, qui justifie la spécificité de la forêt méditerranéenne,
la difficulté à la gérer, et les essences qu'elle peut porter. La conjonction
pendant les mois d'été de fortes chaleurs et de la rareté des précipitations
rend cette forêt beaucoup plus vulnérable que celles du nord – ce que ne
comprennent pas toujours les décideurs parisiens ou bruxellois…
Faute de temps, cette rencontre n'a pu permettre d'aborder
certains sujets comme l'avenir forestier du massif, les risques qui demeurent,
les actions à mener, l'impact du changement climatique, ou l'évolution des
usages de la forêt (moins de chasseurs, davantage de randonneurs). Ce sera pour
une autre fois !
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)
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