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Eoliennes devant Sainte-Victoire (photo transmise par D. Bonfort) |
Ce projet (maintenant une réalité, avec des éoliennes en
plein fonctionnement, voir photos) est l'objet de beaucoup d'articles ou communications dans
les médias (Le Figaro, 20 minutes, RTL, France Bleue Provence etc.). Il s'agit
souvent de réactions à une tribune publiée par Le Figaro contre le projet,
signée entre autres de Stéphane Bern.
Le moral des opposants au projet est remonté à la suite d’une
décision de justice ordonnant le démontage d’éoliennes en Languedoc (voir ce début d'article)
Cependant, concernant le Haut-Var, l’actualité immédiate
est plus préoccupante :
- L’exploitant (Provencialis) a déposé un recours contre la
décision du Tribunal Administratif de de Toulon qui annulait (il y a un an)
l'autorisation d'exploiter. Ce recours sera examiné lors d’une audience publique
le vendredi 19 mars 2021 (nouvelle date) à 11:00 de la Cour administrative d'appel (CAA) de
Marseille (le jugement étant attendu un mois plus tard, avec une issue incertaine).
Les associations qui contestent la légitimité du projet (lequel n’a pas produit
les études d’impact requises), dont l’ASV, seront représentées par Me Monamy,
au nom de Sites et Monuments, qui coordonne l’action judiciaire.
- Plusieurs autres projets importants ont été déposés ou
sont en préparation sur ce territoire du Haut-Var (ouest) quelque peu abandonné
aux promoteurs énergétiques, en particulier d’énormes champs photovoltaïques.
Peu à peu, un paysage similaire à la Costa del Sol espagnole (avec ses hectares
de serres) se met en place, y compris dans des zones Natura 2000 ou des
secteurs à protéger au titre de la trame verte et bleue (biodiversité). Le plus
souvent, ces installations conduisent à geler le sol sur des dizaines d’hectares
pour éviter insectes et plantes. Une barrière artificielle se construit ainsi
peu à peu entre A8 et le Val de Durance à l’est de Sainte-Victoire, au mépris
du schéma régional de cohérence écologique et des SCOTs.
- La justification des propriétaires et communes est connue :
en dehors des coupes de bois, de la vigne et de la chasse (ou encore des permis
de construire…), ces forêts et taillis du Haut-Var n’ont guère de rentabilité
et constituent une lourde charge. C’est pourquoi nous estimons qu’à l’instar de
ce qui se passe pour le littoral (avec le Conservatoire), l’Etat et les
collectivités territoriales devraient s’engager sur la maîtrise foncière de ces
espaces, au lieu d’encourager béatement des énergies nouvelles qui ne sont pas aussi vertes qu’espéré…
- Beaucoup de domaines changent de main et sont acquis par
des groupes internationaux qui ne cachent pas leur intention de faire de l’argent
avec cette ressource assez rare en Europe que sont des espaces délaissés… Pour
ne prendre que l’exemple des éoliennes d’Ollières et Artigues, nous avons
appris que la Société Provencialis a été dissoute et que ses droits ont été
repris fin 2020 par Eco Delta. Puis qu’un fonds irlandais reprenait à son tour le parc éolien (voir cette info ici).
Il en est de même pour plusieurs domaines viticoles qui passeraient au photovoltaïque.
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Les éoliennes et un champ solaire (photo transmise par D. Bonfort) |
Dans ce contexte, il est plus important que jamais, pour
ceux s’opposent à ce projet, de signer la pétition à laquelle s’était associée l’ASV et de rester vigilant sur ce qui est en train de se passer dans la toute
proximité de la montagne Sainte-Victoire.
Pour être tout à fait objectif, la position des
associations est assez inégale concernant les éoliennes. Les associations environnementales
y sont traditionnellement favorables, l’éolien étant considéré comme une énergie
verte, vertueuse et alternative au nucléaire. Mais le vent (c’est le cas de le
dire) est en train de tourner, avec la prise de conscience des atteintes au
paysage, du surcoût économique énorme de cette solution, et de l’inadaptation
aux besoins de masse (intermittence, faible productivité etc.). Certaines
grandes associations nationales restent favorables à l’éolien (France Nature
Environnement) ou ne l’attaquent pas frontalement (LPO), malgré d’importantes
dissidences locales. La pétition contre le projet du Haut-Var est soutenue par
14 associations, mais en revanche plusieurs associations membres de l’ASV n’ont
pas souhaité se prononcer, comme les Amis de Ste-Victoire ou l’AEP. Il y a débat
au sein même du CA de l’ASV, certains considérant que la transition énergétique
vaut bien de sacrifier un peu d’argent public et de beauté paysagère… (en gros,
produire un KWh éolien revient 5 fois plus cher que son équivalent nucléaire ;
l’Allemagne a sérieusement dégradé son bilan CO2 depuis l’abandon du nucléaire,
à cause de la remise en service de centrales à énergie fossile en l’absence de
vent). A chacun de se positionner dans ce débat fortement symbolique...
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)