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Zone brûlée au Trou (décembre 2013) |
Nos vœux de janvier 2014 faisaient état d’un incendie dans
la zone du Trou sur la commune de Saint-Antonin. En fait, cet incendie était
volontaire, avait été soigneusement préparé et avait reçu l’accord de la
municipalité de St-Antonin. La parcelle concernée d’environ 1 hectare fait
partie d’un ensemble de 921 ha de prairies et garrigues du piémont de
Sainte-Victoire qui, au titre du plan de gestion Natura 2000 (Document
d’objectifs, décembre 2006, à télécharger ici), doivent faire l’objet d’un «brûlage dirigé» dans un but de «maintien de l’ouverture des milieux».
Contrairement aux opérations lourdes de débroussaillement mécanisé sur 400 ha
de prairies facilement accessibles, cet écobuage concerne plutôt des espaces
plus escarpés, en majorité sur le versant nord. Selon le plan de gestion, il
doit être suivi par une activité pastorale (troupeau de moutons ou chèvres),
après «définition avec le berger et un technicien pastoral des modalités
d’intervention et concertation en amont sur les modalités d’intervention avec
les sociétés de chasse concernées».
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Des pins d'Alep jusqu'à 8 m environ |
Selon le Grand Site, des opérations telles que celle du Trou
sont rendues indispensables par la pression des pins d’Alep, qui colonisent
tout l’espace et empêchent la biodiversité qui existe sur les espaces ouverts
du piémont. Le GSSV souhaite que ces opérations puissent se poursuivre, tout en
craignant que le pastoralisme nécessaire après le feu ne soit pas réellement
mis en place par les communes.
Après une période d’interrogation, l’opération menée sur le
Trou a suscité une certaine émotion, à différents titres :
- Située juste sous la Croix de Provence, l’opération est
assez visible depuis le Bouquet et rappelle à beaucoup de mauvais souvenirs (incendie de 89, même
si c’est précisément pour éviter un nouvel incendie que le GSSV intervient) ;
- L’opération a été menée un peu tard (le Grand Site le reconnaît),
avec des arbres déjà hauts (5 à 6 m selon lui, en fait jusqu’à 8 mètres après
inspection sur place, cf. photo avec une bouteille pour l’échelle);
- Le choix de la zone est parfois contesté (juste sous la
partie brûlée se situe une forêt très dense de jeunes pins, qui aurait
peut-être constitué une meilleure cible) ; mais le couloir choisi est celui où
les vents étaient extrêmement violents en 1989, et par conséquent constitue un
futur pare-feu utile ;
- Cette zone se situe dans la proximité immédiate du sentier
jaune entre le Plan d’En-Chois (parking du Bouquet), le Trou et le hameau de
Saint-Antonin, restauré non sans efforts avec le Conseil Général et les
associations ;
- Sur la zone brûlée, les chênes kermès repoussent déjà
fortement et occupent presque tout l’espace, faisant douter du potentiel de
biodiversité, surtout en l’absence de troupeau ;
- Selon certains, la
zone comportait au moins une espèce rare à protéger (bruyère multiflore, station
la plus au nord-est en Provence et en France, point à vérifier).
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Ecobuage (Prés du Bayon, 2012) |
Malgré ces réserves, le Grand Site assume l’intérêt de
l’opération. Une visite sur place montre qu’une cinquantaine de pins moyens (5
à 8 mètres) ont été atteints, ainsi que toutes les broussailles. Il serait bon
à présent de couper ces pins et de les mettre en fascines pour éviter l’érosion
de ce qui reste de sol, car la pente est assez forte. Le feu n’a pas dépassé la
zone délimitée par un débroussaillement préalable sur une dizaine de mètres.
Une évaluation sérieuse de ce brûlage ne pourra sans doute être réalisée
qu’avec un peu de recul (au moins 2 à 3 ans), contrairement à celui effectué sans problèmes sur les prés en face de
Coquille en 2012.
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Zone de parefeu (efficace) |
Avant de poursuivre ce type d’opérations, l’ASV souhaiterait
qu’un bilan soit tiré des écobuages passés, que les experts praticiens du massif puissent être consultés, qu’un
engagement ferme sur le pastoralisme nécessaire au maintien de l’ouverture du
milieu soit obtenu et que ces opérations soient mieux expliquées au public.
Faute de quoi, beaucoup d’incompréhensions, de fantasmes, de rumeurs peuvent
survenir. Il ne s'agit pas de critiquer le Grand Site et les communes, qui ont certainement leurs raisons d’agir,
mais s’il existe un Grand Site, c’est précisément parce que Sainte Victoire
est un sujet sensible et que beaucoup de visiteurs ou habitants du massif ont
un sentiment fort d’appropriation de « leur » Sainte-Victoire. La concertation
est donc ici, plus qu’ailleurs, indispensable.
(B. de Saint-Laurent, ASV)
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